"Addiction" - читать интересную книгу автора (Jeudy Henry-Pierre)IIIl est impossible d'ignorer les dangers que provoque le tabac. Les informations morbides qui circulent quant #224; la destruction #233;vidente des autres et de soi-m#234;me ne semblent laisser aucune place #224; cette #233;ventualit#233; rassurante pour le rumeur que l'herbe #224; tous les maux contiendrait quelque effet b#233;n#233;fique. Les risques de cancer sont si probants que de telles informations semblent se transformer en interdits. Comment extraire encore une cigarette de son paquet quand il est #233;crit sur l'emballage : « fumer tue ? » Vous n'avez ni l'intention de vous suicider ni celle de commettre un meurtre et, cependant, votre choix correspond #224; une semblable alternative qui, de fait, n'en est plus une. Le principe de cette affirmation p#233;remptoire est de vous convaincre que vous ne choisissez pas, que vous #234;tes une victime consentante du travail de la mort. Vous imaginez #234;tre libre en fumant votre cigarette, mais seul a acquis la fiert#233; de sa libert#233;, celui qui ressent combien il a vaincu le pouvoir de la mort en cessant de fumer. Parfois l'ancien fumeur appr#233;cie avec une joie inou#239;e la fum#233;e de cigarette, qui lui rappelle une atmosph#232;re perdue. Souvenir de sa jeunesse tardive quand il passait des nuits #224; cloper comme un malade en jouant au poker. Sans doute est-il satisfait au temps pr#233;sent d'#234;tre sorti de cette p#233;riode qui l'aurait conduit plus t#244;t au cimeti#232;re. Il serait pourtant bien tent#233; de tirer une petite bouff#233;e, de flairer encore le tabac, il sait qu'il encourt le risque de replonger, il sait qu'il survit comme un r#233;cidiviste potentiel et que le moindre geste de go#251;ter ce qu'il a abandonn#233; depuis tant d'ann#233;es deviendra l'occasion de recommencer. Il est persuad#233; que sa libert#233; actuelle ne saurait #234;tre compromise en c#233;dant un instant #224; cette irr#233;sistible tentation. Il a d'ailleurs appris #224; songer #224; autre chose d#232;s qu'il sent monter en lui un tel d#233;sir. Au comble de l'ironie, l'ancien fumeur encourage ceux qui fument en leur disant qu'il n'y a aucune raison de perdre une pareille source de plaisir. Il leur explique combien il a souffert pendant des mois et m#234;me des ann#233;es en cherchant #224; se d#233;barrasser d'un attrait aussi obsessionnel. Un ancien fumeur m'a dit qu'aujourd'hui encore, vingt ans apr#232;s avoir pris sa d#233;cision d'en finir, il se voyait dans ses r#234;ves une cigarette #224; la bouche avec des volutes de fum#233;e devant les yeux. Il m'a m#234;me dit que c'#233;tait pour lui aussi joyeux que l'#233;rection du petit matin. Les injonctions #224; ne plus fumer se d#233;clinent comme autant de signes in#233;luctables de la d#233;cr#233;pitude du corps : « Fumer provoque un vieillissement de la peau », « Fumer rend impuissant »... Il ne suffit pas de savoir que l'usage de la cigarette tue, il faut aussi comprendre comment, avant de conna#238;tre une fin pr#233;coce, la d#233;ch#233;ance du corps se r#233;alisera de diff#233;rentes mani#232;res au point que nous sommes assur#233;s d'avoir honte de nous-m#234;mes. Il faut avoir cette repr#233;sentation devenue commune que les maux de notre corps, provoqu#233;s par le tabac et ses adjuvants, seront si reconnaissables que nous assisterons #224; notre lente d#233;g#233;n#233;rescence jusqu'#224; l'expansion m#233;tastasique qui, d#233;truisant nos organes, nous donnera le coup de gr#226;ce. Voil#224; la repr#233;sentation obs#233;dante que les rumeurs inv#233;t#233;r#233;s doivent avoir #224; l'esprit ! L'image d'un corps destin#233; #224; devenir une ruine avant de sombrer dans la mort. Quand nous nous souvenons des anciennes publicit#233;s pour la consommation du tabac, nous ne pouvons oublier combien le port de la cigarette sur le bord de la l#232;vre inf#233;rieure #233;tait un signe de s#233;duction. Pour circonvenir les femmes, pour que les hommes soient eux-m#234;mes #233;blouis, pour que l'atmosph#232;re d'une rencontre garde son irr#233;sistible attrait, il fallait que les diverses fa#231;ons de tenir une cigarette, d'envoyer ou de retenir la fum#233;e, manifestent la myst#233;rieuse singularit#233; de chacun. Ce qu'il #233;tait possible d'imaginer de la profondeur d'un #234;tre humain venait de l'allure que lui donnait sa mani#232;re de fumer. Depuis le regard p#233;n#233;trant jusqu'#224; l'#233;vanouissement passager de la vision la gamme des postures adopt#233;es offrait les signes les plus harmonieux et les plus convaincants d'une connivence imm#233;diate entre le corps et l'esprit. L'usage subtil de la cigarette apparaissait comme l'artifice le plus naturel dans les #233;changes priv#233;s ou publics. Le symbole de la grande rupture, du retournement irr#233;versible qui caract#233;rise notre #233;poque, est advenu le jour o#249; le fier cow-boy qui ornait les paquets de Marlboro a #233;t#233; pr#233;sent#233; dans un #233;tat pitoyable sur l'#233;cran de la t#233;l#233;vision. Lui pour qui la conqu#234;te de la vie s'exprimait par la majest#233; de l'acte de fumer une cigarette, a #233;t#233; exhib#233; au public du monde entier la t#234;te, la gorge, la poitrine d#233;compos#233;es par le cancer. Lui qui affichait une souverainet#233; sans partage a d#251; articuler quelques mots inaudibles pour signifier #224; tous combien il n'en serait pas l#224; s'il avait cess#233; de fumer. Voil#224; ce qui #233;tait attendu de lui : des regrets sinc#232;res et dramatiques. Personne ne lui a tendu la derni#232;re cigarette, qui n'aurait pourtant pas chang#233; son destin. D'autres vedettes de la publicit#233; pour le tabac ont ensuite #233;t#233; montr#233;es dans le m#234;me #233;tat d#233;plorable comme si le pouvoir de leur s#233;duction les avait conduites #224; la d#233;cr#233;pitude et #224; la mort. La r#232;gle morale est simple : d#233;fier la mort par l'usage du tabac n'est en aucun cas un signe d'amour de la vie. Il est alors impossible d'accuser la publicit#233; sur le tabac d'#234;tre mensong#232;re, puisqu'elle pr#233;sente inlassablement les indications de la nocivit#233; du produit. En se d#233;signant comme une marchandise qui tue, le tabac est le seul produit authentique sur le march#233;. On voit mal comment d'autres biens de consommation pourraient #233;noncer cette m#234;me v#233;rit#233; sans risquer d'entra#238;ner des faillites. Si tout ce qui peut provoquer notre mort #233;tait annonc#233;, nous serions assi#233;g#233;s par des pr#233;sages si morbides que la mort elle-m#234;me se pr#233;senterait comme une d#233;livrance. La publicit#233; sur le tabac a utilis#233; des m#233;taphores fatales : le grand saut, le grand voyage, l'instant supr#234;me... Elle n'a jamais dit qu'elle voulait notre mort ; elle est contrainte de l'#233;noncer afin de nous persuader que le plaisir et la mort sont des fr#232;res ennemis. Vous #234;tes libre d'#234;tre circonvenu par des tentations mortelles, mais vous devez savoir ce qui vous attend. La contagion du tabagisme est conjur#233;e par la propagation mena#231;ante de l'angoisse. Je ne sais pas combien de fois j'ai tent#233; de fumer la derni#232;re cigarette. Je sais seulement que l'angoisse ne me quittait plus depuis qu'un docteur avait remarqu#233; que du lichen s'#233;tait form#233; sur mes parois buccales et sur ma langue. Il m'avait enjoint de ne plus fumer si je voulais me donner au moins une chance d'#233;viter un cancer. Il m'a aussi dit que le lichen #233;tait li#233; #224; l'angoisse, que son origine #233;tait psychosomatique, et que j'aurais d'autant plus de difficult#233; #224; cesser de fumer que je grillais une cigarette pour soulager mon #233;tat d'anxi#233;t#233;. Je me trouvais dans cette situation o#249; je ne pouvais plus distinguer l'angoisse du plaisir. Je ne croyais pas que la cigarette n'e#251;t qu'un effet de soulagement, j'en prenais souvent une lors de grands moments de joie. Je ne parvenais pas #224; m'effrayer en imaginant la d#233;gradation qui s'op#233;rait #224; l'int#233;rieur de mon corps. Une amie m'avait pourtant dit que le lichen, #224; une p#233;riode difficile de sa vie, avait envahi tout son corps, lequel s'#233;tait mis #224; ressembler #224; un tronc d'arbre assi#233;g#233; par du lierre. Du moins l'avait-elle vu ainsi. Lorsque je passais ma langue sur la paroi buccale, je sentais bien que des rhizomes s'#233;taient form#233;s et qu'ils ne dispara#238;traient plus. Je n'avais pas vraiment peur, je pensais que le corps avait lui-m#234;me ses facult#233;s de r#233;sistance #224; la d#233;t#233;rioration, quelle que soit la forme que celle-ci prendrait. Je me souviens de cette femme qui tenait un caf#233; dans un village et qui fumait des Gauloises derri#232;re son comptoir en conversant avec ses clients. Elle eut un cancer de la gorge. Peu de temps apr#232;s l'avoir appris, elle changea le d#233;cor de son caf#233;. Elle retira les boiseries, les #233;tag#232;res, les bibelots, elle fit repeindre les murs en blanc, elle conserva trois ou quatre tables pour recevoir ses derniers clients, ceux qui accepteraient de venir ici sans fumer. Je la revois debout derri#232;re son bar, les yeux hagards, le cou entour#233; d'un pansement, incapable de parler. C'#233;tait horrible : sur les murs, elle fit accrocher les radiographies de sa gorge et de ses poumons, en couleur, expos#233;es comme les #339;uvres d'un artiste. Quand je suis venu dans son caf#233;, quelques semaines avant sa mort, je l'ai regard#233;e en train d'observer les photographies de sa d#233;cr#233;pitude. Le silence qui r#233;gnait dans cette salle #233;tait devenu insupportable, j'ai eu l'impression d'#234;tre assis l#224; dans l'antre qui pr#233;c#232;de l'acc#232;s au tombeau. Je ne bougeais plus, je n'osais pas sortir, je me sentais condamn#233; #224; attendre avec elle l'heure de son tr#233;pas en regardant les signes abstraits qui, de l'int#233;rieur de son corps, l'avaient annonc#233;e. Pour elle, c'#233;tait trop tard. Elle n'avait plus aucune chance de retarder sa mort. Son changement d'existence n'#233;tait qu'une mani#232;re de l'accepter. Elle aurait fort bien pu, #233;tant donn#233; son #233;tat d#233;plorable, continuer #224; fumer des cigarettes sans trop souffrir. Pourquoi fallait-il qu'elle exacerbe le moralisme inflig#233; par l’anti-tabagisme en cr#233;ant le th#233;#226;tre quotidien de sa culpabilit#233; ? Je pense aujourd'hui, quelques ann#233;es apr#232;s son enterrement auquel j'ai assist#233;, qu'elle n'a pas de cette fa#231;on fait all#233;geance #224; un pareil moralisme, mais qu'elle a plut#244;t parodi#233; par l'horreur le pouvoir de la pr#233;destination. En effet, comment croire #224; notre #233;poque en un d#233;terminisme pr#233;tendument scientifique qui rapporterait les innombrables causes de notre mort #224; une seule origine ? Et je pose cette question en toussant comme un perdu #224; cause de la cigarette que je viens de consommer. Suis-je #224; ce point incons#233;quent ? Avec l'exposition de ses radiographies, cette femme ne me signale pas son regret d#233;sesp#233;r#233; de n'avoir pas #233;cout#233; son m#233;decin, de n'avoir pas suivi les injonctions morales qui l'auraient sauv#233;e de son funeste destin, elle me dit que, s'il en est ainsi, puisqu'elle doit mourir, autant regarder ce qui se passe #224; l'int#233;rieur du corps pour conna#238;tre l'#339;uvre de la mort. Elle ne veut pas dire : « Si je n'avais pas fum#233;, je n'en serais pas l#224; », elle dit : « Voil#224; comment j'ai v#233;cu, voil#224; comment je mourrai. » Elle rejoint la sagesse d'antan, celle qui conduisait les hommes #224; #233;crire au-dessus des cr#226;nes sculpt#233;s sur les pierres tombales : « Nous avons #233;t#233; comme vous, et bient#244;t vous serez comme nous. » II est commun de consid#233;rer que la peur incite #224; ne plus fumer. La peur de la maladie, de la vieillesse pr#233;matur#233;e, de la mort... Il faudrait compter sur elle, la peur, pour nous donner la volont#233; d'en finir. Il suffit qu'elle prenne une tournure obsessionnelle pour provoquer la stimulation de nos m#233;canismes de d#233;fense. La peur fait peur. Elle nous envahit, elle est contagieuse, nous lui octroyons toutes les raisons d'#234;tre qui suffisent #224; la rendre particuli#232;rement virulente. Il est difficile d'admettre en contrepartie que nous substituons des modes de destruction les uns aux autres, et qu'en ce sens, la peur de la mort peut nous rendre morbides. C'est l#224; une question d'#233;conomie corporelle dont la finalit#233; premi#232;re demeure la repr#233;sentation de la long#233;vit#233;. La peur nous permettrait de d#233;velopper des m#233;canismes de protection qui nous garantiraient une plus longue dur#233;e de vie. La sant#233;, dit-on, est le bien le plus pr#233;cieux, mais les #233;conomies de survie ne sont gu#232;re radieuses, elles impliquent une gestion mortif#232;re des besoins et des d#233;sirs par l'accroissement des interdits. Objet de tous les soins, le corps devient objet de toutes les mortifications. On conna#238;t le vieux principe du Nirvana : la volont#233; de r#233;duire #224; z#233;ro toute excitation est le destin m#234;me des pulsions de mort. Il faudrait s'approcher au plus pr#232;s d'un #233;tat de mort pour se donner les chances de survivre le plus longtemps possible. L'#233;quilibre obtenu gr#226;ce #224; une juste mesure entre l'exc#232;s et le d#233;faut appara#238;t comme le souvenir d'une philosophie surann#233;e, l'imp#233;ratif de la survie se fonde d#233;sormais sur la lutte contre la virtualit#233; m#234;me de l'exc#232;s. Imaginer l'horreur, est-ce le meilleur moyen de se convaincre d'arr#234;ter de fumer ? Je peux me construire une vision de l'#233;tat interne de mon corps, je peux me repr#233;senter la noirceur de ma gorge et de mes poumons provoqu#233;e par la fum#233;e du tabac, je peux regarder mes dents jaunir, je peux m#234;me me figurer une avanc#233;e progressive, sournoise, des m#233;tastases, de ces cellules destructrices que les substances nocives excitent, je ne sais pas pourquoi la peur de ma mort ne m'effraie pas au point d'avoir la volont#233; d'en retarder la venue. Dois-je en d#233;duire que je reste inconscient du malheur qui ne manquera pas de se produire ? Ou dois-je croire que je me fais complice de ma propre d#233;gradation ? Bien que je ne supporte pas, comme tant d'autres, les mani#232;res discriminatoires avec lesquelles on tente de nous convaincre de cesser de fumer, je ne peux ignorer l'#233;vidence de cette d#233;ch#233;ance qui s'accomplit #224; l'int#233;rieur de mon corps. L'un de mes amis qui ne fume plus depuis deux ann#233;es me dit souvent qu'il est pr#233;f#233;rable de ne point s'arr#234;ter, et pourtant il l'a fait. Il ne manifeste pas la moindre tentation de recommencer, il dit qu'il a trop souffert durant de longs mois au cours desquels il #233;tait persuad#233; d'avoir perdu la raison. Etait-ce le manque de nicotine qui le rendait fou ? Fallait-il qu'il subisse l'#233;preuve d'une telle d#233;ch#233;ance mentale pour red#233;couvrir sa puissance intellectuelle sans le moindre recours #224; une drogue ? Maintenant, il a l'air d'#234;tre sauv#233;, il ne fait pas le fanfaron, il appr#233;cie que les autres fument autour de lui. Nous, les autres, nous pourrions le prendre mal, puisqu'il semble nous dire qu'il est tir#233; d'affaire, qu'il ne reviendra jamais sur sa d#233;cision, parce qu'il ne veut pas revivre cette terrible p#233;riode o#249; il a bien cru qu'il ne serait plus lui-m#234;me. Ce temps de la grande rupture, tel que mon ami l'a v#233;cu, est peut-#234;tre une exp#233;rience fascinante. Un v#233;ritable changement d'existence. La consommation r#233;guli#232;re des cigarettes soutient l'encha#238;nement des gestes quotidiens, la succession des activit#233;s, et sans doute la concat#233;nation du langage. Imaginons que cette habitude de la continuit#233; s'effondre, le sens de ce que nous sommes en train de faire va perdre lui aussi son pouvoir de nouer le pr#233;sent au futur imm#233;diat. Il faudra que j'accepte le d#233;sarroi dans lequel je serai plong#233;, que je l'appr#233;cie m#234;me comme une possible qualit#233; de la vie. Etre l#224;, commencer de faire quelque chose, oublier ce qu'on avait entrepris, s'asseoir, attendre, r#233;fl#233;chir #224; ce qu'on devrait envisager de faire, se lever, regarder autour de soi, d#233;couvrir l'inertie, la voir s'installer dans notre corps, la voir cr#233;er ses propres effets de pesanteur, consentir #224; l'abandon sans le moindre objectif. Une exp#233;rience initiatique. Une autre mani#232;re d'#234;tre au monde. Et surtout ne plus songer un instant qu'il s'agit d'une affaire de volont#233;. C'est une autre vie qui commence, et pour qu'elle puisse prendre forme, il lui faut passer par cette p#233;riode pr#233;alable durant laquelle le regard port#233; sur le monde n'est plus le m#234;me. Celui qui a cess#233; de fumer au nom de la survie ignore cette singuli#232;re exp#233;rience. Il a trop besoin des artifices de la morale et de la science pour se justifier. Il faut que l'acte souverain d'allumer une cigarette soit pr#233;serv#233; dans la mani#232;re de cesser de fumer. Il faut que l'acte de fumer devienne une pure abstraction sans jamais dispara#238;tre. Voil#224; ce que je me suis dit pour me pr#233;parer aux premiers jours, #224; ces fameux jours o#249; tout basculera. |
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