"Arkady Strugatsky, Boris Strugatsky. Traduit du russe (Фр.)" - читать интересную книгу автораЛtre simple et clair?
Touzik renifla son index repliК et profКra : - L'homme doit Лtre sobre. Tu crois pas? - Je ne bois pas, dit Domarochinier. Et ce pour une raison trЙs simple, et connue de tout le monde : j'ai le foie malade. Ce n'est donc pas lБ que vous pourrez m'attraper, Touz. - Ce qui m'Кtonne dans la forЛt, reprit Touzik, c'est les marais. Ils sont brЩlants, tu comprends? Je peux pas supporter Ъa. Je pourrai jamais m'y habituer. C'est comme de la soupe aux choux bouillante, Ъa fume, Ъa sent le chou. J'ai mЛme essayК de goЩter, mais Ъa n'a pas de goЩt, Ъa manque de sel... Non, la forЛt, c'est pas pour l'homme. Elle leur en a fait voir de toutes les couleurs. On n'arrЛte pas d'amener du matКriel, et il disparaПt, comme englouti dans les glaces, ils en font venir d'autre, et il disparaПt encore... Une profusion verte et odorante. Profusion de couleur, profusion d'odeurs. Profusion de vie. Et toujours КtrangЙre. FamiliЙre, ressemblante, mais fondamentalement КtrangЙre. Le plus difficile est de se faire Б cette idКe, qu'elle est Б la fois КtrangЙre et, familiЙre. Qu'elle est l'Кmanation de notre monde, la chair de notre chair, mais qu'elle s'est dКtachКe de nous et ne veut pas nous connaПtre. C'est sans doute ainsi que le pithКcanthrope aurait pu penser Б nous, ses descendants - avec effroi et amertume... - Quand viendra l'ordre, proclama Domarochinier, ce ne sera pas mais avec quelque chose de sКrieux, et en deux mois nous aurons fait de tout Ъa une surface bКtonnКe, sЙche et lisse. - C'est toi qui le feras, dit Touzik. Si on te fout pas sur la gueule avant, tu feras une surface bКtonnКe avec ton propre pЙre. Pour la clartК. Le mugissement profond d'une sirЙne se fit entendre. Les carreaux des fenЛtres tremblЙrent, une sonnerie puissante retentit au-dessus de la porte, des lumiЙres se mirent Б clignoter sur les murs et au-dessus du comptoir surgit une inscription en lettres Кnormes : "Debout, dehors!" Domarochinier se leva Б la hЧte, manoeuvra l'aiguille de sa montre et partit en courant sans prononcer une parole. - Bon, j'y vais, dit Perets. C'est l'heure de travailler. Touzik acquiesЪa : - C'est l'heure. L'heure juste. Il Жta sa veste fourrКe, la roula soigneusement, rapprocha les chaises et s'allongea, la tЛte posКe sur la veste. - Donc, demain sept heures? dit Perets. - Quoi? rКpondit Touzik d'une voix ensommeillКe. - Je viendrai demain Б sept heures. - OЭ Ъa? demanda Touzik en se retournant sur les chaises. Elles tiennent pas ensemble, les salopes. Combien de fois je leur ai dit : mettez un divan... |
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