"Arkady Strugatsky, Boris Strugatsky. Traduit du russe (Фр.)" - читать интересную книгу автораfrappaient le sol et des gens passЙrent devant la porte aux cris de :
"Attrape-la! Prends Б droite!" Perets remarqua que le camion ne se tenait plus aussi droit sur ses roues qu'auparavant et jeta un coup d'oeil par la portiЙre Le manager s'affairait prЙs du train arriЙre. - Bonjour, dit Perets, qu'est-ce que vous... - Ah! Perets, cher ami, s'exclama joyeusement le manager sans cesser son travail. Restez assis, restez assis, ne vous dКrangez pas! Vous ne nous gЛnez pas. Elle est bloquКe, cette saloperie. La premiЙre a КtК facile Б enlever, mais la deuxiЙme est prise. - Comment Ъa, prise? Il y a quelque chose de dКtКriorК? Le manager se redressa et s'essuya le front du dos de la main avec laquelle il tenait la clef : - Je ne crois pas. Elle doit Лtre simplement rouillКe. Je ne vais pas tarder... Puis nous pourrons faire une partie d'Кchecs. Qu'est-ce que vous en pensez? - D'Кchecs? fit Perets. Mais oЭ est Touzik? - Touzik? C'est-Б-dire Touz? Il est maintenant assistant-chef de laboratoire. On l'a envoyК dans la forЛt. Touz ne travaille plus chez nous. Mais qu'est-ce que vous lui vouliez? - Ah! bon... fit lentement Perets. Je supposais simplement que... Il ouvrit la portiЙre et sauta sur le ciment. - Vous vous dКrangez pour rien, dit le manager. Vous auriez pu rester assis, vous ne gЛnez pas. - Non, elle ne part pas. Elle ne peut pas partir sans roues, et il faut enlever les roues... Elle avait bien besoin de se bloquer, celle-lБ! Va te faire... Bon, les mКcaniciens l'enlЙveront. Allons plutЖt faire cette partie. Il prit Perets par le bras et l'entraПna dans son bureau. Ils prirent place derriЙre la table, le manager poussa de cЖtК une pile de papiers, disposa le jeu, dКbrancha le tКlКphone et demanda : - On joue Б l'horloge? - Je ne sais pas trop, dit Perets. Le bureau Кtait sombre et frais, une fumКe de tabac bleuЧtre flottait entre les armoires comme une algue gКlatineuse, et le manager, verruqueux, boursouflК, couvert de taches de couleur, tel un poulpe gigantesque, Кtendit deux tentacules velus, souleva la coquille vernie du jeu d'Кchecs et se mit en devoir d'en extraire les viscЙres de bois. Ses yeux ronds jetaient un Кclat vitreux et l'oeil droit, artificiel, Кtait continuellement tournК vers le plafond tandis que le gauche, mobile comme du vif-argent, roulait librement dans son orbite, fixant tantЖt Perets, tantЖt la porte, tantЖt l'Кchiquier. - A l'horloge, dКcida enfin le manager. Il tira une montre de sa poche, la rКgla, pressa un bouton et joua le premier coup. Le soleil se levait. Dehors, on entendait crier "Prends Б droite!" A huit heures, le manager qui se trouvait en difficultК rКflКchit longuement et soudain rКclama un petit dКjeuner pour les deux partenaires. |
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