"Le testament français" - читать интересную книгу автора (Makine Andreï)3La France, cette année, m'enferma dans une solitude profonde et studieuse. À la fin de l'été, je revenais de Saranza, tel un jeune explorateur avec mille et une trouvailles dans mes bagages – de la grappe de raisin de Proust à l'écusson attestant la mort tragique du duc d'Orléans. En automne et surtout durant l'hiver, je me transformai en un maniaque d'érudition, en un archiviste glanant avec obsession tout renseignement sur le pays dont il n'avait réussi qu'à entamer le mystère par son excursion d'été. Je lus tout ce que la bibliothèque de notre école possédait d'intéressant sur la France. Je plongeai dans les rayonnages plus vastes de celle de notre ville. Au pointillé des récits impressionnistes de Charlotte, je voulais opposer une étude systématique, en progressant d'un siècle à l'autre, d'un Louis au suivant, d'un romancier à ses confrères, disciples ou épigones. Ces longues journées passées dans les labyrinthes poussiéreux chargés de livres correspondaient sans doute à un penchant monacal que tout le monde ressent à cet âge. On cherche l'évasion avant d'être happé par les engrenages de la vie adulte, on reste seul à fabuler les aventures amoureuses à venir. Cette attente, cette vie de reclus devient vite pénible. D'où le collectivisme grouillant et tribal des adolescents – tentative fébrile de jouer, avant l'heure, tous les scénarios de la société adulte. Rares sont ceux qui, à treize ou quatorze ans, savent résister à ces jeux de rôles imposés aux solitaires, aux contemplatifs, avec toute la cruauté et l'intolérance de ces enfants d'hier. C'est grâce à ma quête française que je sus préserver mon attentive solitude d'adolescent. La société en miniature de mes collègues manifestait à mon égard tantôt une condescendance distraite (j'étais un «pas mûr», je ne fumais pas et je ne racontais pas d'histoires salaces où les organes génitaux, masculins et féminins, devenaient des personnages à part entière), tantôt une agressivité dont la violence collective me laissait pantois: je me sentais très peu différent des autres, je ne me croyais pas digne de tant d'hostilité. C'est vrai que je ne m'extasiais pas devant les films que leur mini-société commentait pendant les récréations, je ne distinguais pas les clubs de football dont ils étaient des supporters passionnés. Mon ignorance les offensait. Ils y voyaient un défi. Ils m'attaquaient avec leurs moqueries, avec leurs poings. C'est pendant cet hiver que je commençai à discerner une vérité déroutante: porter en soi ce lointain passé, laisser vivre son âme dans cette fabuleuse Atlantide, n'était pas innocent. Oui, c'était bel et bien un défi, une provocation aux yeux de ceux qui vivaient au présent. Un jour, excédé par les brimades, je fis semblant de m'intéresser au score du dernier match et, me mêlant de leur conversation, je citai des noms de footballeurs appris la veille. Mais tout le monde flaira l'imposture. La discussion s'interrompit. La mini-société se dispersa. J'eus droit à quelques regards presque compatissants. Je me sentis encore plus déprécié. Après cette tentative piteuse, je m'enfonçai davantage dans mes recherches et mes lectures. Les reflets éphémères de l'Atlantide dans le cours du temps ne me suffisaient plus. Désormais, j'aspirais à connaître l'intimité de son histoire. Errant dans les cavernes de notre vieille bibliothèque, j'essayais d'éclaircir le pourquoi de cet extravagant mariage entre Henri Ier et la princesse russe Anna. Je voulais savoir ce que son père, le célèbre Iaroslav le Sage, pouvait bien envoyer comme dot. Et comment il faisait parvenir de Kiev des troupeaux de chevaux à son beau-fils français attaqué par les belliqueux Normands. Et quel était le passe-temps quotidien d'Anna Iaroslavna dans de sombres châteaux moyenâgeux où elle regrettait tant l'absence des bains russes… Je ne me contentais plus du récit tragique peignant la mort du duc d'Orléans sous les fenêtres de la belle Isabeau. Non, à présent je me lançais à la poursuite de son meurtrier, de ce Jean sans Peur dont il fallait remonter la lignée, attester les exploits guerriers, reconstituer les vêtements et les armes, situer les fiefs… J'apprenais quel était le retard des divisions du maréchal Grouchy, ces quelques heures de plus, fatales pour Napoléon à Waterloo… Bien sûr, la bibliothèque, otage de l'idéologie, était très inégalement fournie: je n'y trouvai qu'un seul livre sur le temps de Louis XIV, tandis que l'étagère voisine offrait une vingtaine de volumes consacrés à la Commune de Paris et une douzaine sur la naissance du parti communiste français. Mais, avide de connaître, je sus déjouer cette manipulation historique. Je me tournai vers la littérature. Les grands classiques français étaient là et, à l'exception de quelques proscrits célèbres comme Rétif de La Bretonne, Sade ou Gide, ils avaient, dans l'ensemble, échappé à la censure. Ma jeunesse et mon inexpérience me rendaient fétichiste: je collectionnais plus que je ne saisissais la physionomie du temps historique. Je recherchais surtout des anecdotes semblables à celles que racontent aux touristes les guides devant les monuments d'un site. Il y avait dans ma collection le gilet rouge de Théophile Gautier que celui-ci avait porté lors de la première Étrangement, c'est un être qui ne savait rien de la France, qui n'avait jamais lu un seul auteur français, quelqu'un qui ne pouvait, j'en étais sûr, localiser ce pays sur la mappemonde, oui, c'est lui qui, involontairement, m'avait aidé à sortir de ma collection d'anecdotes en orientant ma quête vers une direction tout à fait nouvelle. C'était ce cancre qui m'avait appris un jour que si Lénine n'avait pas d'enfants, c'est qu'il ne savait pas faire l'amour… La mini-société de notre classe lui vouait autant de mépris qu'à moi, mais pour des raisons tout autres. Ils le détestaient parce qu'il leur renvoyait une image très déplaisante de l'adulte. De deux ans notre aîné, installé donc dans cet âge dont les élèves savouraient d'avance les libertés, mon ami le cancre n'en profitait guère. Pachka, ainsi que tout le monde l'appelait, menait la vie de ces moujiks bizarres qui gardent en eux, jusqu'à la mort, une part d'enfance, ce qui contraste tellement avec leur physique sauvage et viril. Obstinément, ils fuient la ville, la société, le confort, se fondent dans la forêt et, chasseurs ou vagabonds, y finissent souvent leurs jours. Pachka apportait dans la classe l'odeur du poisson, de la neige et, au temps du redoux, celle de la glaise. Il pataugeait des journées entières sur les berges de la Volga. Et s'il venait à l'école, c'était pour ne pas faire de peine à sa mère. Toujours en retard, ne remarquant pas les coups d'œil dédaigneux des futurs adultes, il traversait la classe et glissait derrière son pupitre, tout au fond. Les élèves reniflaient avec ostentation à son passage, la maîtresse soupirait en levant les yeux au ciel. L'odeur de neige et de terre humide remplissait lentement la salle. Notre statut de parias dans la société de notre classe finit par nous unir. Sans devenir amis à proprement parler, nous remarquâmes nos deux solitudes, y vîmes comme un signe de reconnaissance. Désormais, il m'arrivait souvent d'accompagner Pachka dans ses expéditions de pêche sur les rives enneigées de la Volga. Il trouait la glace à l'aide d'un puissant vilebrequin, jetait dans la percée sa ligne et s'immobilisait au-dessus de cette ouverture ronde qui laissait apparaître l'épaisseur verdâtre de la glace. J'imaginais un poisson qui, au bout de cet étroit tunnel, long parfois d'un mètre, s'approchait prudemment de l'appât… Des perches au dos tigré, des brochets tachetés, des gardons à la queue rouge vif surgissaient de la trouée et, décrochés de l'hameçon, tombaient sur la neige. Après quelques soubresauts, leurs corps se figeaient, gelés par le vent glacial. Les épines dorsales se couvraient de cristaux, tels les fabuleux diadèmes. Nous parlions peu. Le grand calme des plaines neigeuses, le ciel argenté, le profond sommeil du grand fleuve rendaient les paroles inutiles. Parfois Pachka, à la recherche d'un endroit plus poissonneux, s'approchait dangereusement des longues plaques de glace sombre, humide, minée par les sources… Je me retournais en entendant un craquement et je voyais mon camarade qui se débattait dans l'eau et enfonçait ses doigts en éventail dans la neige granuleuse. Je courais vers lui et à quelques mètres de la brèche, je me mettais à plat ventre et lui jetais le bout de mon écharpe. D'habitude, Pachka parvenait à s'en sortir avant mon intervention. Tel un marsouin, il s'arrachait à l'eau et retombait, la poitrine sur la glace, rampait en dessinant une longue trace mouillée. Mais parfois, surtout pour me faire plaisir sans doute, il attrapait mon écharpe et se laissait sauver. Après une telle baignade, nous allions vers l'une des carcasses des vieilles barques qu'on voyait, ici et là, se dresser au milieu des congères. Nous allumions un grand feu de bois dans leurs entrailles noircies. Pachka enlevait ses grosses bottes de feutre, son pantalon ouaté, et les mettait près des flammes. Puis, les pieds nus posés sur une planche, il se mettait à griller le poisson. C'est autour de ces feux de bois que nous devenions plus volubiles. Il me racontait les pêches extraordinaires (un poisson trop large pour passer dans le trou percé par le vilebrequin!), les débâcles qui, dans le déferlement assourdissant des glaces, emportaient les barques, les arbres arrachés et même des isbas avec des chats grimpés sur le toit… Moi, je lui parlais des tournois chevaleresques (je venais d'apprendre que les guerriers d'antan, en enlevant leur heaume après une joute, avaient le visage couvert de rouille: le fer plus la sueur; je ne sais pas pourquoi, mais ce détail m'exaltait davantage que le tournoi lui-même…), oui, je lui parlais de ces traits virils accentués par des filets roussâtres, et de ce jeune preux qui soufflait trois fois dans sa corne en appelant du renfort. Je savais que Pachka sillonnant, été comme hiver, les rives de la Volga, rêvait secrètement des étendues marines. J'étais heureux de trouver pour lui dans ma collection française ce combat terrifiant entre un marin et une énorme pieuvre. Et comme mon érudition se nourrissait essentiellement des anecdotes, je lui en racontais une, bien en rapport avec sa passion et notre escale dans la carcasse d'une vieille barque. Sur une mer dangereuse d'autrefois, un bateau de guerre anglais croise un navire français et, avant de se lancer dans une bataille sans merci, le capitaine anglais s'adresse à ses ennemis de toujours en mettant les mains en porte-voix: «Vous, les Français, vous vous battez pour l'argent. Et nous, les sujets de la reine, nous nous battons pour l'honneur!» Alors, du navire français, on entend parvenir avec une bouffée de vent salé cette exclamation joyeuse du capitaine: «Chacun se bat pour ce qu'il n'a pas, sir!» Un jour, il faillit se noyer pour de bon. C'était tout un pan de glace – nous étions en plein redoux – qui céda sous ses pieds. Sa tête seule sortait de l'eau, puis un bras qui cherchait un appui inexistant. Dans un effort violent, il projeta sa poitrine sur la glace, mais la surface poreuse se cassa sous son poids. Le courant entraînait déjà ses jambes aux bottes pleines d'eau. Je n'eus pas le temps de dérouler mon cache-nez, je m'aplatis sur la neige, je rampai, je lui tendis ma main. C'est à ce moment que je vis passer dans ses yeux une brève lueur d'effroi… Je crois qu'il s'en serait tiré sans mon aide, il était trop aguerri, trop lié aux forces de la nature pour se laisser piéger par elles. Mais cette fois, il accepta ma main sans son sourire habituel. Quelques minutes plus tard, le feu brûlait et Pachka, les jambes nues et le corps couvert uniquement d'un long pull que je lui avais prêté le temps de sécher ses vêtements, dansotait sur une planche léchée par les flammes. Avec ses doigts rouges, écorchés, il pétrissait une boule de glaise dont il enveloppait le poisson avant de le mettre dans la braise… Il y avait autour de nous le désert blanc de la Volga hivernale, les saules aux branches fines, frileuses, qui formaient une broussaille transparente le long du rivage, et, noyée sous la neige, cette barque à moitié désintégrée dont la membrure alimentait notre feu de bois barbare. La danse des flammes semblait rendre le crépuscule plus épais, l'éphémère sensation de confort plus saisissante. Pourquoi, ce jour-là, lui racontai-je cette histoire plutôt qu'une autre? Il y avait eu sans doute une raison à cela, une amorce de conversation qui m'avait suggéré ce sujet… C'était un résumé, très écourté d'ailleurs, d'un poème de Hugo que Charlotte m'avait narré il y a bien longtemps et dont je ne me rappelais même pas le titre… Quelque part à côté des barricades détruites, les soldats fusillaient les insurgés, au cœur de ce Paris rebelle où les pavés avaient l'extraordinaire capacité de se dresser subitement en remparts. Une exécution routinière, brutale, impitoyable. Les hommes se mettaient le dos contre le mur, fixaient un moment les canons des fusils qui visaient leur poitrine, puis levaient le regard vers la course légère des nuages. Et ils tombaient. Leurs compagnons prenaient la relève face aux soldats… Parmi ces condamnés se trouvait une sorte de Gavroche dont l'âge aurait dû inspirer la clémence. Hélas, non! L'officier lui ordonna de se mettre dans la file d'attente fatale, l'enfant avait le même droit à la mort que les adultes. «Nous allons te fusiller toi aussi!» maugréa ce bourreau en chef. Mais un instant avant d'aller au mur, l'enfant accourut vers l'officier et le supplia: «Permettez-vous que j'aille rapporter cette montre à ma mère? Elle habite à deux pas d'ici, près de la fontaine. Je reviendrai, je vous le jure!» Cette astuce enfantine toucha même les cœurs ensauvagés de cette soldatesque. Ils s'esclaffèrent, la ruse paraissait vraiment trop naïve. L'officier, riant aux éclats, proféra: «Vas-y, cours. Sauve-toi, petit vaurien!» Et ils continuaient à rire en chargeant les fusils. Soudain, leurs voix se coupèrent net. L'enfant réapparut et se mettant près du mur, à côté des adultes, lança: «Me voilà!» Tout au long de mon récit, Pachka sembla à peine me suivre. Il restait immobile, incliné vers le feu. Son visage se cachait sous la visière rabattue de sa grosse chapka de fourrure. Mais lorsque j'en fus arrivé à la dernière scène – l'enfant revient, le visage pâle et grave, et se fige devant les soldats – oui, quand j'eus prononcé sa dernière parole: «Me voilà!», Pachka tressaillit, se redressa… Et l'incroyable se produisit. Il enjamba le bord de la barque et, pieds nus, se mit à marcher dans la neige. J'entendis une sorte de gémissement étouffé que le vent humide dissipa rapidement au-dessus de la plaine blanche. Il fit quelques pas, puis s'arrêta, enlisé jusqu'aux genoux dans une congère. Interdit, je restai un moment sans bouger, en regardant, de la barque, ce grand gars vêtu d'un pull étiré que le vent gonflait telle une courte robe de laine. Les oreillettes de sa chapka ondoyaient lentement dans ce souffle froid. Ses jambes nues enfoncées dans la neige me fascinaient. Ne comprenant plus rien, je sautai par-dessus bord et j'allai le rejoindre. En entendant le crissement de mes pas, il se retourna brusquement. Une grimace douloureuse crispait son visage. Les flammes de notre feu de bois se reflétaient dans ses yeux avec une fluidité inhabituelle. Il se hâta d'essuyer ces reflets avec sa manche. «Ah, cette fumée!» bougonna-t-il en clignant des paupières et, sans me regarder, il regagna la barque. C'est là, en poussant ses pieds frigorifiés vers la braise, qu'il me demanda avec une insistance coléreuse: – Et après? Ils l'ont tué, ce gars, c'est ça? Pris de court et ne trouvant dans ma mémoire aucun éclaircissement sur ce point, j'émis un balbutiement hésitant: – Euh… C'est que je ne sais pas au juste… – Comment, tu ne sais pas? Mais tu m'as tout raconté! – Non, mais, tu vois, dans le poème… – On s'en fout du poème! Dans la vie, on l'a tué ou pas? Son regard qui me fixait par-dessus les flammes brillait d'un éclat un peu fou. Sa voix se faisait à la fois rude et implorante. Je soupirai, comme si je voulais demander pardon à Hugo et, d'un ton ferme et net, je déclarai: – Non, on ne l'a pas fusillé. Un vieux sergent qui était là s'est souvenu de son propre fils resté dans son village. Et il a crié: «Celui qui touche à ce gosse aura affaire à moi!» Et l'officier a dû le relâcher… Pachka baissa le visage et se mit à retirer le poisson moulé dans l'argile en remuant la braise avec une branche. En silence, nous brisions cette croûte de terre cuite qui se détachait avec les écailles et nous mangions la chair tendre et brûlante en la saupoudrant de gros sel. Nous nous taisions aussi en retournant, à la nuit tombante, à la ville. J'étais encore sous l'impression de la magie qui venait de se produire. Le miracle qui m'avait démontré la toute-puissance de la parole poétique. Je devinais qu'il ne s'agissait même pas d'artifices verbaux ni d'un savant assemblage de mots. Non! Car ceux de Hugo avaient été d'abord déformés dans le récit lointain de Charlotte, puis au cours de mon résumé. Donc doublement trahis… Et pourtant, l'écho de cette histoire en fait si simple, racontée à des milliers de kilomètres du lieu de sa naissance, avait réussi à arracher des larmes à un jeune barbare et le pousser nu dans la neige! Secrètement, je m'enorgueillissais d'avoir fait briller une étincelle de ce rayonnement qu'irradiait la patrie de Charlotte. Et puis, ce soir, je compris que ce n'étaient pas les anecdotes qu'il fallait rechercher dans mes lectures. Ni des mots joliment disposés sur une page. C'était quelque chose de bien plus profond et, en même temps, de bien plus spontané: une pénétrante harmonie du visible qui, une fois révélée par le poète, devenait éternelle. Sans savoir la nommer, c'est elle que je poursuivrais désormais d'un livre à l'autre. Plus tard, j'apprendrais son nom: le Style. Et je ne pourrais jamais accepter sous ce nom des exercices vains de jongleurs de mots. Car je verrais surgir devant mon regard les jambes bleues de Pachka plantées dans une congère, au bord de la Volga, et les reflets fluides des flammes dans ses yeux… Oui, il était plus ému par le destin du jeune insurgé que par sa propre noyade évitée de justesse une heure avant! En me quittant à un carrefour de la banlieue où il habitait, Pachka me tendit ma part de poisson: quelques longues carapaces d'argile. Puis, d'un ton bourru, en évitant mon regard, il demanda: – Et ce poème sur les fusillés, on peut le trouver où? – Je vais te l'apporter demain, à l'école, je dois l'avoir chez moi, recopié… Je le dis d'un trait, en maîtrisant mal ma joie. C'était le jour le plus heureux de mon adolescence. |
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