"Arkady Strugatsky, Boris Strugatsky. Traduit du russe (Фр.)" - читать интересную книгу автора

vis ici. J'en supporterai encore un peu, puis je prendrai la voiture
et j'irai me chercher une ondine dans la forЛt...
Perets tenait l'Кchelle et s'efforЪait de penser au lendemain,
mais Touzik, assis sur la premiЙre marche de l'escabeau, avait entrepris
de raconter comment, dans sa jeunesse, lui et des amis avaient surpris un
couple en banlieue, avaient rossК et
chassК le galant, et avaient ensuite essayК de se servir de la femme.
Il faisait froid, humide, et Б cause de leur extrЛme jeunesse Б tous,
personne n'Кtait arrivК Б rien. La femme pleurait, avait peur, et l'un
aprЙs l'autre les amis de Touzik
avaient abandonnК, et seul lui, Touzik, avait continuК Б s'accrocher
Б la femme dans l'arriЙre-cour bourbeuse, l'empoignant, jurant, croyant
toujours que Ъa allait y Лtre, mais sans rКsultat, jusqu'au moment oЭ il
l'avait emmenКe chez elle, dans sa
propre maison, l'avait serrКe contre la rampe de fer de l'escalier
sombre et avait enfin eu ce qu'il voulait. RacontКe par Touzik, l'histoire
Кtait follement passionnante et drЖle.
- C'est pour Ъa que les petites ondines ne risquent pas de
m'Кchapper, dit Touzik. Je laisse jamais tomber, et c'est pas lБ que je
vais commencer. Chez moi, pas de fraude sur la marchandise : le dedans
vaut le dehors.
Il avait un beau visage hЧlК, d'Кpais sourcils, le regard vif et
une dentition remarquable. Il ressemblait КnormКment Б un Italien. Mais il
sentait des pieds.
- Mais qu'est-ce qu'ils fabriquent, qu'est-ce qu'ils fabriquent,
disait Alevtina. Tous les dossiers sont mКlangКs. Tiens, prends toujours
ceux-lБ en attendant.
Elle se pencha et fit passer Б Touzik une pile de dossiers et de
revues. Celui-ci prit le tas, lut mentalement quelques pages en remuant
les lЙvres, compta les dossiers et dit :
- Il m'en faut encore deux.
Perets tenait toujours l'Кchelle, le regard fixК sur ses poings
serrКs. Demain Б cette heure je ne serai plus lБ, se disait-il. Je serai
assis dans la cabine Б cЖtК de Touzik, il fera chaud, le mКtal commencera
Б peine Б refroidir. Touzik
allumera les phares, s'installera confortablement, le coude gauche
appuyК contre la portiЙre et commencera Б parler de la politique mondiale.
Je ne le laisserai plus parler de rien d'autre II pourra s'arrЛter Б
chaque buvette, prendre en route qui
il voudra, il pourra mЛme faire un dКtour pour ramener Б quelqu'un
une batteuse de l'atelier de rКparations. Mais je ne le laisserai parler
que de politique mondiale. Ou bien je l'interrogerai sur les diffКrents
types d'automobiles. Sur les taux de
consommation en carburant, sur les pannes, sur les meurtres
d'inspecteurs vКreux. Il raconte bien, et on ne sait jamais s'il ment ou
s'il dit la vКritК...
Touzik avala une nouvelle rasade de liquide, clappa les lЙvres,
jeta un regard sur les jambes d'Alevtina et entreprit de poursuivre son
rКcit en le ponctuant de trКpignements, de gestes expressifs et d'Кclats
de rire joyeux. S'attachant