"Jules Verne. Le Tour du monde en Quatre-Vingts Jours" - читать интересную книгу автораl'attitude un peu acad‚mique. Vu dans les divers actes de son
existence, ce gentleman donnait l'id‚e d'un €tre bien ‚quilibr‚ dans toutes ses parties, justement pond‚r‚, aussi parfait qu'un chronomЉtre de Leroy ou de Earnshaw. C'est qu'en effet, Phileas Fogg ‚tait l'exactitude personnifi‚e, ce qui se voyait clairement … "l'expression de ses pieds et de ses mains", car chez l'homme, aussi bien que chez les animaux, les membres eux-m€mes sont des organes expressifs des passions. Phileas Fogg ‚tait de ces gens math‚matiquement exacts, qui, jamais press‚s et toujours pr€ts, sont ‚conomes de leurs pas et de leurs mouvements. Il ne faisait pas une enjamb‚e de trop, allant toujours par le plus court. Il ne perdait pas un regard au plafond. Il ne se permettait aucun geste superflu. On ne l'avait jamais vu ‚mu ni troubl‚. C'‚tait l'homme le moins hѓt‚ du monde, mais il arrivait toujours … temps. Toutefois, on comprendra qu'il v‚c–t seul et pour ainsi dire en dehors de toute relation sociale. Il savait que dans la vie il faut faire la part des frottements, et comme les frottements retardent, il ne se frottait … personne. Quant … Jean, dit Passepartout, un vrai Parisien de Paris, depuis cinq ans qu'il habitait l'Angleterre et y faisait … Londres le m‚tier de valet de chambre, il avait cherch‚ vainement un maЊtre auquel il p–t s'attacher. Passepartout n'‚tait point un de ces Frontins ou Mascarilles qui, les ‚paules hautes, le nez au vent, le regard assur‚, l'oeil sec, ne sont que d'impudents dr“les. Non. Passepartout ‚tait un brave gar‡on, de physionomie aimable, aux lЉvres un peu saillantes, toujours pr€tes … go–ter ou … caresser, un €tre doux et serviable, avec une de ces bonnes t€tes rondes que l'on aime … voir sur les ‚paules d'un ami. Il avait les yeux bleus, le teint anim‚, la figure assez grasse pour qu'il p–t lui-m€me voir les pommettes de ses joues, la poitrine large, la taille forte, une musculature vigoureuse, et il poss‚dait une force hercul‚enne que les exercices de sa jeunesse avaient admirablement d‚velopp‚e. Ses cheveux bruns ‚taient un peu rageurs. Si les sculpteurs de l'Antiquit‚ connaissaient dix-huit fa‡ons d'arranger la chevelure de Minerve, Passepartout n'en connaissait qu'une pour disposer la sienne : trois coups de d‚m€loir, et il ‚tait coiff‚. De dire si le caractЉre expansif de ce gar‡on s'accorderait avec celui de Phileas Fogg, c'est ce que la prudence la plus ‚l‚mentaire ne permet pas. Passepartout serait-il ce domestique fonciЉrement exact qu'il fallait … son maЊtre? On ne le verrait qu'a l'user. AprЉs avoir eu, on le sait, une jeunesse assez vagabonde, il aspirait au repos. Ayant entendu vanter le m‚thodisme anglais et la froideur proverbiale des gentlemen, il |
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