"Arkady Strugatsky, Boris Strugatsky. Traduit du russe (Фр.)" - читать интересную книгу автора

immobile.
- Pourquoi? demanda Perets.
- Parce que Ъa s'appelle un arbre sauteur, expliqua Touzik en se
versant un verre de kКfir.
- Hier on a reЪu un lot de nouvelles scies Кlectriques, intervint
Domarochinier en se passant la langue sur les lЙvres. Un rendement
fabuleux. Je dirais mЛme que ce ne sont pas des scies, mais de vКritables
machines Б scier. Nos machines Б scier
de l'Eradication.
Alentour, tout le monde buvait du kКfir. Dans des verres Б
facettes, dans des gobelets en fer-blanc, dans des tasses Б cafК, dans des
cornets de papier, ou simplement Б la bouteille. Tout le monde avait les
pieds ramenКs sous sa chaise. Et tous
pouvaient sans doute exhiber des certificats mКdicaux attestant
qu'ils avaient mal au foie, Б l'estomac ou au duodКnum. Pour cette annКe
et pour les annКes prКcКdentes.
- Puis le manager me fait venir et me demande pourquoi ma cabine
est dКglinguКe, poursuivit Touzik en haussant la voix. Tu roulais encore Б
gauche, charogne, qu'il me dit. Vous, PAN Perets, vous jouez aux Кchecs
avec lui, vous pourriez bien dire
quelque chose pour moi, il vous estime, il parle souvent de vous...
Perets, qu'il dit, c'est quelqu'un! Je ne donnerai pas de voiture pour
Perets, qu'il dit, et n'essayez pas de m'en demander. On ne peut pas
laisser partir un tel homme. Vous
comprenez, bande d'imbКciles, qu'il dit, sans lui je m'ennuierais Б
mourir! Vous lui parlerez pour moi, hein?
- B-Bon, fit Perets d'une voix hКsitante. J'essaierai.
- Je peux parler au manager, intervint Domarochinier. Il Кtait
avec moi Б l'armКe ; j'Кtais capitaine et lui lieutenant. Il me salue
encore en portant la main Б la hauteur du couvre-chef.
- Il y a aussi les ondines, dit Touzik, son verre de kКfir Б la
main. Dans les grands lacs clairs. C'est lБ qu'elles sont, tu comprends?
Nues.
- C'est votre kКfir, Touz, qui vous donne des visions, plaЪa
Domarochinier.
- Je les ai vues de mes propres yeux, rКpliqua Touzik en portant
le verre Б ses lЙvres. Mais on ne peut pas boire l'eau de ces lacs.
- Vous ne les avez pas vues, parce qu'elles n'existent pas, dit
Domarochinier. Les ondines, c'est de la mystique.
- Mystique toi-mЛme, dit Touzik en s'essuyant les yeux du revers
de la manche.
- Un instant, dit Perets, un instant. Vous dites qu'elles sont lБ,
Кtendues... Et puis aprЙs? Il est impossible qu'elles ne fassent que
rester lБ, et puis c'est tout.
Il se peut qu'elles vivent sous l'eau et qu'elles remontent Б la
surface comme nous sortons d'une piЙce enfumКe pour nous mettre au balcon
par une nuit de lune, et exposer lБ, les yeux clos, notre visage Б la
fraПcheur. C'est peut-Лtre ce
qu'elles font. Elles viennent Б la surface, et elles restent lБ. A se
reposer. A Кchanger des sourires et des paroles indolentes...