"Arkady Strugatsky, Boris Strugatsky. Traduit du russe (Фр.)" - читать интересную книгу автора

Vingt-deux heures : alerte radiologique et tremblement de terre ; dix-huit
heures : rКunion chez moi du
personnel non en service ; vingt-quatre heures : Кvacuation
gКnКrale..."
II y eut dans l'Кcouteur comme un bruit d'eau qui coule. Puis tout
se tut et Perets remarqua Domarochinier qui dirigeait vers lui un regard
sКvЙre et accusateur.
- Qu'est-ce qu'il dit? demanda Perets. Je n'ai rien compris.
- Ce n'est pas Кtonnant, fit Domarochinier d'une voix glaciale.
Vous avez pris un appareil qui n'est pas le vЖtre. (Il baissa les yeux,
inscrivit quelque chose sur son bloc-notes et poursuivit :) C'est, entre
autres choses une violation des
rЙgles absolument inadmissible Je vous demande de poser ce tКlКphone
et de partir. Sinon j'appellerai les officiels.
- Bon, dit Perets, je m'en vais. Mais oЭ est mon appareil?
Celui-ci n'est pas le mien. Soit. Mais alors oЭ est le mien?
Domarochinier ne rКpondit pas. Ses yeux se fermЙrent Б nouveau et
il colla le rКcepteur Б son oreille. Perets entendit un coassement.
- Je vous demande oЭ est mon appareil, cria Perets.
Maintenant, il n'entendait plus rien. Il y eut un bruissement, des
craquements, puis retentirent les signaux de fin de communication. Perets
rejeta alors le combinК et courut dans le couloir. Il ouvrit les portes
des bureaux, et partout vit des
employКs connus ou inconnus. Certains Кtaient assis ou debout, figКs
dans l'immobilitК la plus complЙte, pareils Б des figures de cire aux yeux
de verre ; d'autres couraient d'un coin Б un autre, enjambant le fil du
tКlКphone qu'ils traПnaient aprЙs
eux ; d'autres encore Кcrivaient fiКvreusement sur de gros cahiers,
sur des bouts de papier, dans les marges des journaux. Et chacun collait
Кtroitement le combinК Б son oreille, comme s'il craignait de perdre le
moindre mot. Il n'y avait pas de
tКlКphone libre. Perets tenta de prendre celui d'un employК figК dans
sa transe, un jeune gars en combinaison de travail, mais celui-ci revint
aussitЖt Б la vie, se mit Б glapir et Б ruer, tandis que les autres
poussaient des "Chut!", agitaient les
bras, et quelqu'un cria d'une voix hystКrique : "C'est un scandale!
Appelez la garde!"
- OЭ est mon appareil? criait Perets. Je suis un homme comme vous
et j'ai le droit de savoir! Laissez-moi Кcouter! Donnez-moi mon appareil!
On le poussa dehors et la porte fut refermКe Б clef derriЙre lui.
Il gagna le dernier Кtage et lБ, Б l'entrКe du grenier, prЙs de la
machinerie de l'ascenseur qui ne marchait jamais, se trouvaient, assis Б
une petite table, deux mКcaniciens de
service qui jouaient au morpion. Haletant, Perets s'adossa au mur.
Les mКcaniciens le regardЙrent, lui adressЙrent un vague sourire et se
penchЙrent derechef sur leur feuille de papier.
- Vous non plus, vous n'avez pas d'appareil? demanda Perets.
- Si, rКpondit l'un d'eux. Pourquoi est-ce qu'on n'en aurait pas?
On n'en est pas encore arrivК lБ.
- Et vous n'Кcoutez pas?