"Том 3. Публицистические произведения" - читать интересную книгу автора (Тютчев Федор Иванович)

La Russie et l'Occident*

lt;ГЛАВА Igt;lt;1gt;LA SITUATION EN 1849

Le mouvement de F#233;vrier, en bonne logique, aurait d#251; aboutir #224; une croisade de tout l’Occident r#233;volutionn#233; contre la Russie… Si cela n’a pas eu lieu, c’est la preuve que la R#233;volution n’a pas la vitalit#233; n#233;cessaire, ne f#251;t-ce m#234;me que pour organiser la destruction en grand. En d’autres termes, la R#233;volution est la maladie qui d#233;vore l’Occident. Elle n’est pas l’#226;me qui fait mouvement.

De l#224; la possibilit#233; de la r#233;action, comme celle inaugur#233;e par les journ#233;es de juin de l’ann#233;e derni#232;re. C’est la r#233;action des parties non encore entam#233;es de l’organisme souffrant contre l’envahissement progressif de la maladie. — Cette r#233;sistance de Juin et toutes celles qu’elle a d#233;termin#233;es #224; sa suite sont un grand fait, une grande R#233;v#233;lation. Il est clair maintenant que la R#233;volution ne peut plus esp#233;rer nulle part de se faire gouvernement. Et s’empar#226;t-elle momentan#233;ment du Pouvoir, elle ne ferait que d#233;terminer une guerre civile, une guerre intestine. C’est-#224;-d lt;iregt; elle minera et d#233;sorganisera la soci#233;t#233;, mais elle ne pourra ni la poss#233;der en propre, ni la gouverner en son nom. Voil#224; un r#233;sultat acquis, et il est immense. Car ce n’est pas seulement l’impuissance de la R#233;volution, c’est aussi l’impuissance de l’Occident. Toute action au-dehors lui est interdite. Il est radicalement scind#233;.

Pour le moment la R#233;volution est mat#233;riellement d#233;sarm#233;e.

La r#233;pression de juin 1848 lui a paralys#233; les bras, la victoire de la Russie en Hongrie lui a fait tomber les armes des mains. Il va sans dire que pour #234;tre d#233;sarm#233;e la R#233;volution n’en est pas moins pleine de vie et de vigueur. Elle se retire pour le moment du champ de bataille, elle l’abandonne #224; ses vainqueurs. Que vont-ils faire de leur victoire?..

Et d’abord, o#249; en sont maintenant les Pouvoirs r#233;guliers en Occident? Car pour pr#233;juger quels peuvent #234;tre #224; l’avenir leurs rapports vis-#224;-vis de la R#233;volution, il faudrait d#233;terminer au pr#233;alable quelles sont les conditions morales de leur existence #224; eux-m#234;mes. En un mot, quel est le symbole de foi qu’ils ont #224; opposer au symbole de la R#233;volution?

Quant au symbole r#233;volutionnaire, nous le connaissons, et pr#233;cis#233;ment, parce que nous le connaissons, nous nous expliquons fort bien d’o#249; lui vient son ascendant irr#233;sistible sur l’Occident, — les m#233;prises ne sont plus possibles, toute #233;quivoque volontaire ou involontaire serait hors de saison.

La R#233;volution, #224; la consid#233;rer dans son principe le plus essentiel, le plus #233;l#233;mentaire, est le produit net, le dernier mot, le mot supr#234;me de ce que l’on est convenu d’appeler depuis 3 si#232;cles la civilisation de l’Occident. C’est la pens#233;e moderne toute enti#232;re depuis sa rupture avec l’Eglise.

Cette pens#233;e est celle-ci: l’homme, en d#233;finitive, ne rel#232;ve que de lui-m#234;me, tant pour la direction de sa raison que pour celle de sa volont#233;. Tout pouvoir vient de l’homme, tout autorit#233; qui se r#233;clame d’un titre sup#233;rieur #224; l’homme n’est qu’une illusion ou une d#233;ception. En un mot, c’est l’apoth#233;ose du moi humain dans le sens le plus litt#233;ral du mot.

Tel est qui l’ignore, le credo de l’#233;cole r#233;volutionnaire; mais, s#233;rieusement parlant, la soci#233;t#233; de l’Occident, la civilisation de l’Occident en a-t-elle un autre?..

Et les Pouvoirs publics de cette soci#233;t#233;, eux, qui depuis des g#233;n#233;rations n’ont eu pour y vivre d’autre milieu intellectuel que celui-l#224;, comment feront-ils maintenant pour en sortir? Et comment, sans en sortir, trouveront-ils le point d’Archim#232;de dont ils ont besoin pour y placer leur levier?

M-r Guizot lui-m#234;me a beau tonner maintenant contre la d#233;mocratie europ#233;enne, a beau lui reprocher, comme le principe de toutes ses erreurs et de tous ses m#233;faits, son idol#226;trie pour elle-m#234;me: la d#233;mocratie occidentale, en se prenant pour l’objet de son culte, n’a fait, il faut bien le reconna#238;tre, que suivre aveuglement les instincts que vous-m#234;me et vos propres doctrines ont contribu#233;, autant que quoi que soit, #224; d#233;velopper en elle? En effet, qui donc, plus que vous et votre #233;cole a r#233;clam#233;, a revendiqu#233; pour la raison de l’homme les droits de l’autonomie; qui nous a enseign#233; #224; voir dans la r#233;formation religieuse du 16-i#232;me si#232;cle moins encore un mouvement de r#233;action contre les abus et les pr#233;tentions ill#233;gitimes du catholicisme romain qu’une #232;re de l’#233;mancipation d#233;finitive de la raison humaine, salu#233; dans la philosophie moderne la formule scientifique de cette #233;mancipation et glorifi#233; dans le mouvement r#233;volutionnaire de 1789 l’av#232;nement au pouvoir, la prise de possession de la soci#233;t#233; moderne, par cette raison de l’homme, ainsi #233;mancip#233; et ne relevant plus que d’elle-m#234;me? Apr#232;s de pareils enseignements comment voulez-vous que le moi humain, cette mol#233;cule constitutive de la d#233;mocratie moderne, ne se prendrait-il pour l’objet de son idol#226;trie, et puisque, de compte fait, il n’est tenu #224; reconna#238;tre d’autre autorit#233; que la sienne et qui pr#233;tendez-vous qu’il adore si ce n’est lui-m#234;me? S’il ne le faisait pas, ce serait, ma foi, lt;нрзб.gt; modestie de sa part.

Reconnaissons-le donc, la R#233;volution, vari#233;e #224; l’infini dans ses degr#233;s et ses manifestations, est une et identique dans son principe, et c’est de ce principe, il faut bien l’avouer, qu’est sortie la civilisation actuelle de l’Occident.

Nous ne nous dissimulons pas l’immense port#233;e de cet aveu. Nous savons fort bien que c’est le fait que nous venons d’#233;noncer qui imprime #224; la derni#232;re catastrophe europ#233;enne le cachet d’une #233;poque tragique entre toutes les #233;poques de l’histoire du monde. Nous assistons, tr#232;s probablement, #224; la banqueroute d’une civilisation toute enti#232;re…

En effet, voil#224; depuis mainte et mainte g#233;n#233;rations que nous vous voyons, hommes de l’Occident, tous occup#233;s, peuples et gouvernements, riches et pauvres, les doctes et les ignorants, les philosophes et les gens du monde, tous occup#233;s #224; lire en commun dans le m#234;me livre, dans le livre de la raison humaine #233;mancip#233;e, lorsqu’en f#233;vrier de l’ann#233;e 1848 une fantaisie subite est venue #224; quelques-uns d’entre vous, les plus impatients, les plus aventureux, de retourner la derni#232;re page du livre et d’y lire la terrible r#233;v#233;lation que vous savez… Maintenant on a beau se r#233;crier, se gendarmer contre les t#233;m#233;raires. Comment faire, h#233;las, que ce qui a #233;t#233; lu, n’ait pas #233;t#233; lu… R#233;ussira-t-on #224; sceller cette formidable derni#232;re page? L#224; est le probl#232;me.

Je sais bien que dans les soci#233;t#233;s humaines tout n’est pas doctrine ou principe, qu’ind#233;pendamment des uns et des autres il y a les int#233;r#234;ts mat#233;riels qui suffisent ou #224; peu pr#232;s, dans les temps ordinaires, #224; assurer leur marche, il y a, comme dans tout organisme vivant, l’instinct de la conservation, qui peut pendant quelque temps lutter #233;nergiquement contre une destruction imminente. Mais l’instinct de la conservation qui n’a jamais pu sauver une arm#233;e battue, pourrait-il #224; la longue prot#233;ger efficacement une soci#233;t#233; en d#233;route?

Pour cette fois encore les Pouvoirs publics et la soci#233;t#233; #224; leur suite ont repouss#233;, il est vrai, le dernier assaut que leur a livr#233; la R#233;volution. Mais est-ce bien avec ses propres forces, est-ce bien avec ses armes l#233;gitimes que la civilisation moderne, que la civilisation lib#233;rale de l’Occident, s’est prot#233;g#233;e et d#233;fendue contre ses agresseurs?

Certes, s’il y a eu un fait grandement significatif dans l’histoire de ces derniers temps, c’est #224; coup s#251;r celui-ci: le lendemain du jour o#249; la soci#233;t#233; europlt;#233;ennegt; avait proclam#233; le suffrage universel comme l’arbitre supr#234;me de ses destin#233;es, c’est #224; la force arm#233;e, c’est #224; la discipline militaire qu’elle a #233;t#233; oblig#233;e de s’adresser pour sauver la civilisation. Or, la force arm#233;e, la discipline militaire, qu’est-ce autre chose qu’un legs, un d#233;bris, si l’on veut, du vieux monde, d’un monde depuis longtemps submerg#233;. Et c’est pourtant en s’accrochant #224; ce d#233;bris-l#224; que la soci#233;t#233; contemporaine est parvenue #224; se sauver du nouveau d#233;luge qui allait l’engloutir #224; son tour.

Mais si la r#233;pression militaire, qui dans le syst#232;me #233;tabli n’est qu’une anomalie, qu’un heureux accident, a pu, dans un moment donn#233;, sauver la soci#233;t#233; menac#233;e, suffit-elle pour en assurer les destin#233;es? En un mot, l’#233;tat de si#232;ge pourra-t-il jamais devenir un syst#232;me de gouvernement?..

Et puis, encore une fois, la R#233;volution n’est pas seulement un ennemi en chair et en os. C’est lt;нрзб.gt; plus qu’un Principe. C’est un Esprit, une Intelligence, et pour le vaincre il faudrait savoir le conjurer.

Je sais bien que les derniers #233;v#233;nements ont jet#233; dans tous les esprits d’immenses doutes et d’immenses d#233;senchantements et que bien des enfants de la g#233;n#233;ration actuelle ont r#233;voqu#233; en doute la sagesse r#233;volutionnaire de leurs p#232;res. On a touch#233; au doigt l’inanit#233; des r#233;sultats obtenus. Mais si des illusions, qu’on pourrait d#233;j#224; qualifier de s#233;culaires ont #233;t#233; emport#233;es par la derni#232;re temp#234;te, nulle foi ne les a remplac#233;es… Le doute s’est creus#233;, et voil#224; tout. Car la pens#233;e moderne peut bien batailler contre la R#233;volution sur telle ou telle autre de ses cons#233;quences, le socialisme, le communisme, voire m#234;me l’ath#233;isme, mais pour en r#233;soudre le Principe il faudrait qu’elle se reni#226;t elle-m#234;me. Et voil#224; pourquoi aussi la soci#233;t#233; occidentale, qui est l’expression de cette pens#233;e, en se voyant accul#233;e #224; l’ab#238;me par la catastrophe de F#233;vrier, a bien pu se rejeter en arri#232;re par un mouvement instinctif, mais il lui faudrait des ailes pour franchir le pr#233;cipice ou un miracle, sans pr#233;c#233;dent dans l’histoire des Soci#233;t#233;s humaines, pour revenir sur ses pas.

Telle est la situation actuelle du monde. Elle est, certainement, claire pour la divine Providence, mais elle est insoluble pour la raison contemporaine.

C’est sous l’empire de pareilles circonstances que les Pouvoirs publics de l’Occident sont appel#233;s #224; r#233;gir la Soci#233;t#233;, #224; la raffermir, #224; la rasseoir sur ses bases, et ils sont tenus #224; travailler #224; cette #339;uvre avec les instruments qu’ils ont re#231;us des mains de la R#233;volution et qui ont #233;t#233; fabriqu#233;s pour son usage.

Mais ind#233;pendamment de cette t#226;che de pacification g#233;n#233;rale, qui est commune #224; tous les gouvernements, il y a dans chacun des grands Etats de l’Occident des questions sp#233;ciales, qui sont le produit et comme le r#233;sum#233; de leur histoire particuli#232;re et qui, ayant #233;t#233;, pour ainsi dire, mises #224; l’ordre du jour par la Providence historique, r#233;clament une solution imminente.

C’est #224; ces questions que s’est attaqu#233;e dans les diff#233;rents pays la R#233;volution europ#233;enne, mais elle n’a su y trouver qu’un champ de bataille contre le Pouvoir et la Soci#233;t#233;. Maintenant qu’elle a honteusement #233;chou#233; dans tous ses efforts et dans toutes ses tentatives et qu’au lieu de r#233;soudre les questions elle n’a fait que les envenimer, c’est aux gouvernements #224; s’y essayer, #224; leur tour, en travaillant #224; leur solution en pr#233;sence m#234;me et, plt;ourgt; ainsi dire, sous le contr#244;le de l’ennemie qu’ils ont vaincue.

Mais avant tout passons en revue les diff#233;rentes questions.

lt;2gt;

Pour qui observe, en t#233;moin intelligent, mais du dehors, le mouvement de l’Europe Occidentale, il n’y a assur#233;ment rien de plus remarquable et de plus instructif que, d’une part, le d#233;saccord constant, la contradiction manifeste et continue entre les id#233;es qui y ont pr#233;valu, entre ce qu’il faut bien appeler l’opinion du si#232;cle, l’opinion publique, l’opinion lib#233;rale et la r#233;alit#233; des faits, le cours des #233;v#233;nements, et, d’autre part, le peu d’impression que ce d#233;saccord, cette contradiction si flagrante, para#238;t faire sur les esprits.

Pour nous, qui regardons du dehors, rien n’est plus facile, assur#233;ment que de distinguer dans l’Europe Occidentale le monde des faits, des r#233;alit#233;s historiques, d’avec ce mirage immense et persistant, dont l’opinion r#233;volutionnaire, arm#233;e de la presse p#233;riodique, lt;нрзб.gt; comme recouvert la R#233;alit#233;. Et c’est dans ce mirage que vit et se meut, comme dans son #233;l#233;ment naturel, depuis 30 #224; 40 ans, cette puissance aussi fantastique que r#233;elle que l’on appelle l’Opinion publique…

C’est une #233;trange chose, apr#232;s tout, que cette fraction de la lt;soci#233;t#233;gt; — le Public. C’est l#224;, #224; proprement parler, la vie lt;dugt; peuple, le peuple #233;lu de la R#233;volution. C’est cette minorit#233; de la soci#233;t#233; occidentale qui (sur le continent au moins), gr#226;ce #224; la direction nouvelle, a rompu avec la vie historique des masses et a secou#233; toutes les croyances positives… Ce peuple anonyme est le m#234;me dans tous les pays. C’est le peuple de l’individualisme, de la n#233;gation. Il y a cependant en lui un #233;l#233;ment qui, tout n#233;gatif qu’il est, lui sert de lien et lui fait comme une sorte de religion. C’est la haine de l’autorit#233; sous toutes les formes et #224; tous ses degr#233;s, la haine de l’autorit#233; comme principe. Cet #233;l#233;ment parfaitement n#233;gatif, d#232;s qu’il s’agit d’#233;difier et de conserver, devient terriblement positif, d#232;s qu’il est question de renverser et de d#233;truire. — Et c’est l#224;, soit dit en passant, ce qui explique les destin#233;es du gouvernement repr#233;sentatif sur le continent. Car ce que les institutions nouvelles ont appel#233; jusqu’#224; pr#233;sent la repr#233;sentation, ce n’est pas, quoi qu’on en dise, la soci#233;t#233; elle-m#234;me, la soci#233;t#233; r#233;elle avec ses int#233;r#234;ts et ses croyances, mais c’est ce quelque chose d’abstrait et de r#233;volutionnaire qui s’appelle le public, repr#233;sentant des opinions et rien de plus. Aussi ces institutions ont bien pu fomenter sachant l’opposition, mais nulle part jusqu’#224; pr#233;sent elles n’ont lt;нрзб.gt; fond#233; un gouvernement…

Le monde r#233;el, toutefois, le monde de la r#233;alit#233; historique, m#234;me sous le mirage n’en est pas moins rest#233; ce qu’il est et n’en a pas moins poursuivi son chemin tout #224; c#244;t#233; de ce monde de l’opinion publique qui, gr#226;ce #224; l’acquiescement g#233;n#233;ral, avait aussi acquis une sorte de r#233;alit#233;.

lt;3gt;

Apr#232;s que le parti r#233;volutionnaire nous a donn#233; le spectacle de son impuissance, vient maintenant le tour des gouvernements qui ne tarderont pas #224; prouver que s’ils sont encore assez forts pour s’opposer #224; une destruction compl#232;te, ils ne le sont plus assez pour rien r#233;#233;difier. Ils sont comme ces malades qui r#233;ussissent #224; triompher de la maladie, mais apr#232;s que la maladie a profond#233;ment alt#233;r#233; leur constitution, et dont la vie d#233;sormais n’est plus qu’une lente agonie. L’ann#233;e 1848 a #233;t#233; un tremblement de terre qui n’a pas renvers#233; de fond en comble tous les #233;difices qu’elle a #233;branl#233;s, mais ceux m#234;me qui sont rest#233;s debout ont tellement #233;t#233; l#233;zard#233;s par la secousse, que leur chute d#233;finitive est toujours imminente.

En Allemagne la guerre civile est le fond m#234;me de sa situation politique. C’est plus que jamais l’Allemagne de la guerre de Trente ans, le Nord contre le Midi, les souverainet#233;s locales contre le Pouvoir unitaire, mais tout cela d#233;mesur#233;ment accru et renforc#233; par l’action du principe r#233;volutionnaire. En Italie ce n’est pas seulement comme autrefois la rivalit#233; de l’Allemagne et de la France ou la haine de l’Italie contre le Barbare ultramontain. Il y a de plus encore la guerre #224; mort d#233;clar#233;e par la R#233;volution arm#233;e du sentiment de la nationalit#233; italienne contre le catholicisme compromis #224; la suite de la papaut#233; romaine. Quant #224; la France qui ne peut plus vivre sans renier #224; chaque pas ce qui, depuis 60 ans, est devenu son principe de vie, la R#233;volution, — c’est un pays, logiquement et fatalement condamn#233; #224; l’impuissance. C’est une soci#233;t#233; condamn#233;e par l’instinct de sa conservation #224; ne se servir d’un de ses bras que pour encha#238;ner l’autre.

Telle est selon nous la situation actuelle de l’Occident. La R#233;volution, cons#233;quence logique et r#233;sum#233; d#233;finitif de la civilisation moderne, de la civilisation que le rationalisme anti-chr#233;tien a conquise sur l’Eglise romaine, — la R#233;volution, convaincue par le fait d’une impuissance absolue comme organisation, mais d’une puissance presque aussi grande comme dissolvant, — d’autre part, ce qui restait #224; l’Europe des #233;l#233;ments de l’ancienne soci#233;t#233;, assez vivants encore, pour refouler, au besoin, sur un point donn#233; l’action mat#233;rielle de la R#233;volution, mais tellement eux aussi, p#233;n#233;tr#233;s, satur#233;s et alt#233;r#233;s par le principe r#233;volutionnaire, qu’ils en sont devenus comme impuissants #224; produire quelque chose, qui f#251;t g#233;n#233;ralement accept#233; par la soci#233;t#233; europ#233;enne, comme une autorit#233; l#233;gitime, — tel est le dilemme, qui se pose en ce moment dans toute son immense gravit#233;. La part d’incertitude que l’avenir se r#233;serve ne porte que sur un seul point: c’est de savoir combien de temps il faudra #224; une situation semblable, pour produire toutes ces cons#233;quences. Quant #224; la nature de ces cons#233;quences, on ne saurait les pressentir qu’en sortant compl#232;tement du point de vue occidental et en se r#233;signant #224; comprendre cette v#233;rit#233; vulgaire: c’est que l’Occident europ#233;en n’est que la moiti#233; d’un grand tout organique et que les difficult#233;s en apparence insolubles qui la travaillent ne trouveront leur solution que dans l’autre moiti#233;…

lt;МАТЕРИАЛЫ К ТРАКТАТУ «РОССИЯ И ЗАПАД»gt;lt;Программы трактатаgt;

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LA RUSSIE ET L’OCCIDENT

I. Situation g#233;n#233;rale

I. La Situation en 1849

II. Question Romaine

II. La Question Romaine

III. L’Italie

III. L’Italie

IV. L’Unit#233; Allemande

IV. L’Unit#233; Allemande

V. L’Autriche

V. L’Autriche

VI. La Russie

VI. La Russie

VII. La Russie et Napol#233;on

VII. La Russie et Napol#233;on

VIII. L’Avenir

VIII. La Russie et la R#233;volution

IX. L’Avenir

lt;МАТЕРИАЛЫ К ГЛАВЕ IIIgt;lt;1gt;L’ITALIE

Que veut l’Italie? Le vrai, le factice.

Le vrai: l’ind#233;pendance, la souverainet#233; municipale avec un lien f#233;d#233;ral — l’expulsion de l’#233;tranger, de l’Allemand.

Le faux: l’utopie classique: l’Italie unitaire. Rome #224; la t#234;te. Restauration romaine.

D’o#249; vient cette utopie? — Son origine — son r#244;le dans le pass#233; — et jusqu’#224; nos jours.

Deux Italies. Celle du peuple, des masses, de la r#233;alit#233;. — L’Italie des lettr#233;s, savants, r#233;volutionnaires, depuis Petrarca jusqu’#224; Mazzini.

R#244;le tout particulier de cette tendance des lettr#233;s en Italie. Sa signification: c’est une tradition de l’ancienne Rome, de la Rome payenne. — Pourquoi ce simulacre a plus de r#233;alit#233; en Italie qu’ailleurs.

L’Italie romaine #233;tait une Italie conquise. Voil#224; pourquoi l’unit#233; de l’Italie, telle que ces mlt;egt;sslt;ieugt;rs l’entendent, est un fait romain et nullement italien.

L’Italie, alors, #233;tait la chose de Rome, parce que Rome avait l’Empire.

Ce que c’est que l’Empire. C’est une d#233;l#233;gation, les droits qu’elle conf#232;re.

On les perd, ces droits, quand la d#233;l#233;gation est r#233;voqu#233;e — on les perd avec l’Empire. — C’est ce qui est arriv#233; avec Rome. Mais le si#232;ge de l’Empire n’#233;tant plus en Italie, il n’y a plus lieu #224; cette unit#233; factice. — Elle recouvre de plein droit son ind#233;pendance et ses autonomies locales.

Retrait de l’Empire #224; Rome et son transfert #224; l’Orient. C’est la donn#233;e chr#233;tienne que la donn#233;e payenne cherche #224; nier.

Et voil#224; pourquoi elle m#233;conna#238;t la v#233;ritable situation de l’Italie.

Une Italie rendue #224; la libert#233; de ses mouvements, mais d#233;pouill#233;e de l’Empire, — une Italie, d#233;pouill#233;e de l’Empire, mais ne pouvant se passer de l’autorit#233; imp#233;riale.

L’autorit#233; imp#233;riale: c’est le lien du faisceau.

Pourquoi cette autorit#233; n’a jamais tenu toute la place qui lui revient — la Papaut#233; l’a paralys#233;e.

Lutte de la Papaut#233; et de l’Empire — ses cons#233;quences pour l’Italie.

Papaut#233; romaine et Empire germanique. Tous deux — usurpateurs vis-#224;-vis lt;degt; l’Orient — d’abord complices, puis ennemis. L’Italie — la proie qu’ils se disputent. — De l#224; tous ses malheurs.

Coup d’#339;il rapide sur cette lamentable histoire.

Tous les deux appellent en Italie l’#233;tranger qui s’y #233;tablit #224; demeure. La Papaut#233;, bien que diminu#233;e, garde touj lt;oursgt; Rome, centre du monde. L’Empire, en croulant, l#232;gue #224; l’Italie la domination autrichienne. La derni#232;re lutte: l’Autriche plus #233;trang#232;re que jamais. L’Italie plus d#233;chir#233;e que jamais. La Papaut#233; se rapprochant de l’Autriche. La cause de l’Ind#233;pendance s’identifiant de plus en plus #224; la cause r#233;volutionnaire. — Immense gravit#233; de la situation.

Une intervention fran#231;aise, au profit de la R#233;volution, ne pouvant que l’aggraver. D#233;chirement. Lutte int#233;rieure de tous les #233;l#233;ments entr’eux. Situation sans issue.

Seule issue possible.

L’Empire r#233;tabli. La Papaut#233; s#233;cularis#233;e…

lt;2gt;L’ITALIE

II y a deux choses #233;galement et g#233;n#233;ralement d#233;test#233;es en Italie: les tedeschi et les preti.

Maintenant, quelle est la puissance qui serait en mesure de d#233;livrer l’Italie des uns et des autres, sans donner gain de cause #224; la R#233;volution et sans ruiner l’Eglise. Cette puissance, si elle existe, est la protectrice — n#233;e de l’Italie.

lt;3gt;

Le Pape vis-#224;-vis de la R#233;forme.

La question romaine dans les temps actuels est insoluble. — Elle ne pourrait #234;tre r#233;solue que par un retour de l’Eglise romaine vers l’Orthodoxie.

Il n’y a qu’un pouvoir temporel, appuy#233; sur l’Eglise universelle qui serait en mesure de r#233;former la Papaut#233;, sans ruiner l’Eglise.

Ce pouvoir n’a jamais exist#233;, ni put exister dans l’Occident. — Voil#224; pourquoi tous les pouvoirs temporels de l’Occident, depuis les Hohenstauffen jusqu’#224; Napol#233;on, dans leurs d#233;m#234;l#233;s avec les Papes ont fini par accepter, pour auxiliaire, le principe anti-chr#233;tien — tout comme les soi-disant r#233;formateurs, et plt;argt; le m#234;me motif.

lt;МАТЕРИАЛЫ К ГЛАВЕ IVgt;lt;1gt;L’UNIT#201; ALLEMANDE

Qu’est-ce que le parlement de Francfort? L’explosion de l’Allemagne id#233;ologue. L’Allemagne id#233;ologue — son histoire.

L’id#233;e unitaire est son #339;uvre propre. Elle ne vient pas des masses, de l’histoire. — Ce qui le prouve, c’est l’utopie, le manque du sens de la r#233;alit#233;, qui ne manque jamais aux masses, mais presque touj lt;oursgt; aux lettr#233;s.

L’unit#233; allemande = pr#233;dominance europ#233;enne, mais o#249; en sont les conditions?

Qu’#233;tait l’ancien Empire germanique aux temps de sa puissance? C’#233;tait un Empire, dont l’#226;me #233;tait romaine et le corps slave (conquis sur les Slaves). Ce qu’il y avait d’Allemand plt;our ainsigt; dlt;iregt; ne contient pas l’#233;toffe n#233;cessaire pour un Empire.

Entre la France qui p#232;se sur le Rhin et l’Europe Orientale, gravitant vers la Russie, il y a place pour de l’ind#233;pendance, mais non pour de la supr#233;matie.

Or, une pareille condition politique, honn#234;te, mais non pr#233;pond#233;rante, appelle la f#233;d#233;ration et se refuse #224; l’unit#233;.

Car l’unit#233;, le syst#232;me unitaire suppose une Mission, et l’Allemagne n’en a plus…

Mais m#234;me, dans les #233;troites limites, l’unit#233; organique est-elle possible pour l’Allemagne?

Le dualisme inh#233;rent #224; l’Allemagne.

L’Empire avait #233;t#233; la formule, destin#233;e #224; le conjurer. Cette formule s’est trouv#233;e insuffisante. L’Empire, r#233;alis#233; #224; demi; le dualisme persistant #224; travers l’Empire.

L’Empire, ce qui en #233;tait l’#226;me, bris#233; par la R#233;forme, et, par contre, le dualisme consacr#233; par elle.

La guerre de 30 ans l’a organis#233;. Le dualisme devenu l’#233;tat normal de l’Allemagne. — Autriche, Prusse.

Cela a dur#233; ainsi jusqu’#224; nos jours. La Russie, le v#233;ritable Empire, en les ralliant #224; elle a endormi l’antagonisme, mais ne l’a pas supprim#233;.

La Russie #233;cart#233;e, la guerre recommence.

L’unit#233; impossible par principe, parce que… avec l’Autriche point d’unit#233;. Sans l’Autriche pas d’Allemagne. L’Allemagne ne peut pas devenir Prusse, parce que la Prusse ne peut pas devenir Empire.

Empire suppose l#233;gitimit#233;. La Prusse est ill#233;gitime.

L’Empire est ailleurs.

Provisoirement il y aura deux Allemagnes. C’est leur #233;tat de nature — l’unit#233; leur viendra du dehors.

lt;2gt;UNIT#201; D’ALLEMAGNE

Toute la question de l’unit#233; d’Allemagne se r#233;duit maintenant #224; savoir si l’Allemagne voudra se r#233;signer #224; devenir Prusse.

Il faudrait, bien entendu, que l’Allemagne le voul#251;t volontairement. Car la Prusse est hors d’#233;tat de l’y forcer. Pour l’y forcer, il n’y a que deux moyens. La R#233;volution — moyen impossible pour un gouvlt;ernemengt;t r#233;gulier; la conqu#234;te — impossible — #224; cause des voisins.

D’autre part, le roi de Prusse, par la nature m#234;me de son origine, ne peut jamais #234;tre empereur d’Allemagne. — Pourquoi cela? Par la m#234;me raison qui fait que Luther n’aurait jamais pu devenir Pape.

La Prusse n’#233;tant autre chose que la n#233;gation de l’Empire d’Allemagne.

Une n#233;gation r#233;ussie —

Le principe d’unit#233; pour l’Allemagne n’est plus en Allemagne…

lt;МАТЕРИАЛЫ К ГЛАВЕ Vgt;lt;1gt;L’AUTRICHE

Quelle #233;tait la signification de l’Autriche dans le pass#233;? Elle exprimait le fait de la pr#233;dominance d’une race sur une autre, de la race allemande sur la race slave.

Comment ce fait a-t-il #233;t#233; possible? #224; quelle condition?.. l’explication historique de la chose (seulement dynastique).

Ce fait de la pr#233;dominance allemande sur les Slaves infirm#233; par la Russie.

Aboli par les derniers #233;v#233;nements.

Qu’est-ce que l’Autriche est maintenant et que pr#233;tend-elle #234;tre?

L’Autriche, devenue constitutionnelle, a proclam#233; la Gleichberechtigung, l’#233;galit#233; du droit pour les diff#233;rentes nationalit#233;s. — Quelle en est la signification?

Est-ce un syst#232;me de neutralit#233; g#233;n#233;rale? une pure n#233;gation?

Mais l’existence d’un grand Empire, bas#233;e sur une n#233;gation, est-elle possible?

La loi constitutionnelle est la loi de la majorit#233;. Or, la majorit#233; en Autriche #233;tant slave, l’Autriche devrait devenir slave. — Cela est-il probable? ou m#234;me possible?

L’Autriche peut-elle cesser d’#234;tre allemande sans cesser d’#234;tre?

Rapports entre ces deux races politiques et psychologiques (vlt;oirgt; Fallmereyer).

L’oppression allemande n’est pas seulement une oppression politique, elle est cent fois pire. Car elle d#233;coule de cette id#233;e de l’Allemand que sa pr#233;dominance sur le Slave est de droit naturel. De l#224; un malentendu insoluble et une haine #233;ternelle.

Plt;argt; clt;ons#233;quentgt; l’impossibilit#233; d’une sinc#232;re #233;galit#233; de droit. Mais l’Allemand plie devant le fait accompli — comme en Russie. Ainsi la Gleichberechtigung, proclam#233;e par l’Autriche, n’est qu’un leurre.

Elle est allemande et restera allemande.

Qu’en r#233;sultera-t-il? Une guerre civile permanente des diverses nationalit#233;s non-allemandes contre les Allemands de Vienne, aussi bien que de ces nationalit#233;s entr’elles, au moyen de la l#233;galit#233; constitutionnelle.

Et c’est ainsi que la domination autrichienne au lieu d’#234;tre une garantie d’ordre ne sera qu’un ferment de R#233;volution.

Populations slaves oblig#233;es de se faire r#233;volutionnaires pour maintenir leur nationalit#233; contre un pouvoir allemand.

La Hongrie — qui, dans un Empire slave, aurait tout naturellement accept#233; la place subordonn#233;e, que sa position lui fait. Acceptera-t-elle, vis-#224;-vis de l’Autriche, la condition que celle-ci pr#233;tend lui faire?..

Graves inconv#233;nients, dangers — et finalement impossibilit#233; — r#233;sultant de tout ceci pour la Russie.

Apr#232;s cela l’Autriche est-elle possible? et pourquoi existerait-elle?

Une derni#232;re r#233;flexion.

L’Autriche aux yeux de l’Occident n’a d’autre valeur que

d’#234;tre une conception antirusse, et cependant elle ne saurait exister sans l’aide de la Russie.

Est-ce l#224; une combinaison viable?..

La question pour les Slaves de l’Autriche se r#233;duit #224; ceci: ou rester Slaves en devenant Russes, ou devenir Allemands en restant Autrichiens.

lt;2gt;

L’Autriche — n’a plus de raison d’#234;tre. On a dit: si l’Autriche n’existait pas, il faudrait l’inventer — et pourquoi?

Pour s’en faire une arme contre la Russie, et l’#233;v#233;nement vient de prouver que l’assistance, l’amiti#233;, la protection de la Russie est une condition de vie pour l’Autriche.

lt;МАТЕРИАЛЫ К ГЛАВЕ VIgt;LA RUSSIE

Les Occidentaux jugeant la Russie, c’est un peu comme les Chinois jugeant l’Europe ou plut#244;t les Grecs (Greculi) jugeant Rome. Ceci para#238;t #234;tre une loi de l’histoire: jamais une soci#233;t#233;, une civilisation n’a compris celle qui devait lui succ#233;der.

Ce qui les induit en erreur encore davantage, c’est la colonie occidentale des Russes civilis#233;s, qui leur renvoie leur propre voix. — La moquerie de l’#233;cho.

L’Occident, ne voyant jusqu’#224; pr#233;sent dans la Russie qu’un fait mat#233;riel, une force mat#233;rielle.

Pour lui la Russie est un effet sans cause.

Clt;’est gt;-#224;-dlt;iregt; qu’id#233;alistes, ils m#233;connaissent l’id#233;e.

Savants et philosophes, ils ont supprim#233;, dans leurs aper#231;us historiques, toute une moiti#233; du monde europ#233;en.

Et cependant, en pr#233;sence de cette force purement mat#233;rielle, d’o#249; leur vient ce quelque chose entre le respect et la crainte, le sentiment de l’awe, qu’on n’a que pour l’autorit#233;?..

Ici encore l’instinct plus intelligent que la science. Qu’est-ce donc la Russie? Que repr#233;sente-t-elle? Deux choses: la race slave, l’Empire Orthodoxe.

1) La race.

Le panslavisme, tomb#233; dans le domaine de la phras#233;ologie r#233;volutionnaire. — Abus qu’on a fait de la nationalit#233;. Costume de masque pour la R#233;volution. Les panslaves litt#233;raires sont des id#233;ologues allemands tout comme les autres.

Le panslavisme r#233;el est dans les masses. Il se r#233;v#232;le au contact du soldat russe et du premier paysan slave venu, slovaque, serbe, bulgare etc., m#234;me magyar. Ils sont tous solidaires vis-#224;-vis du немец. Le panslavisme est encore ceci:

Pas de nationalit#233; politique possible pour les Slaves en dehors de la Russie.

Ici vient se placer la question polonaise (voir l’article de St. Priest. Rev lt;uegt; des Dlt;euxgt; Mlt;ondesgt; 1-er №).

2) L’Empire.

La question de race n’est que secondaire ou plut#244;t ce n’est pas un principe. C’est un #233;l#233;ment. Le principe plastique c’est la tradition orthodoxe.

La Russie est orthodoxe plus encore que slave. C’est comme orthodoxe qu’elle est d#233;positaire de l’Empire.

Ce que c’est que l’Empire? Doctrine de l’Empire. L’Empire ne meurt pas. Il se transmet. R#233;alit#233; de cette transmission. Les 4 Empires pass#233;s. Le 5-i#232;me d#233;finitif.

Cette tradition ni#233;e par l’#233;cole r#233;volutionnaire au m#234;me titre que la tradition dans l’Eglise.

C’est l’individualisme niant l’histoire.

Et cependant l’id#233;e de l’Empire a #233;t#233; l’#226;me de toute l’histoire de l’Occident.

Charlemagne. Charles V. Louis XIV. Napol#233;on.

La R#233;volution l’a tu#233;e, ce qui a commenc#233; la dissolution de l’Occident. Mais l’Empire, en Occident, n’a jamais #233;t#233; qu’une usurpation.

C’est une d#233;pouille que les Papes ont partag#233;e avec les C#233;sars d’Allemagne (de l#224; leurs discordes).

L’Empire l#233;gitime est rest#233; attach#233; #224; la succession de Constantin. — Montrer et d#233;montrer la r#233;alit#233; historique de tout ceci.

Ce que c’#233;tait que l’Empire d’Orient (fausses vues de la

science occidentale sur l’Empire d’Orient) transmis #224; la Russie.

C’est comme Empereur d’Orient que le царь est Empereur de Russie.

«Волим царя восточного, православного», — disaient les Petits-Russes et disent tous les orthodoxes d’Orient, slaves et autres.

Quant aux Turcs, ils ont occup#233; l’Orient orthodoxe pour le mettre #224; couvert des Occidentaux — pendant que l’Empire l#233;gitime s’organisait.

L’Empire est un:

l’Eglise orthodoxe en est l’#226;me, la race slave en est le corps. Si la Russie n’aboutissait pas #224; l’Empire, elle avorterait.

L’Empire d’Orient: c’est la Russie d#233;finitive.

lt;МАТЕРИАЛЫ К ГЛАВЕ VIIgt;lt;1gt;LA RUSSIE ET NAPOL#201;ON

On a fait de la rh#233;torique avec Napol#233;on. On en a m#233;connu la r#233;alit#233; historique, et voil#224; pourquoi on en a manqu#233; la Po#233;sie.

C’est un centaure — moiti#233; R#233;volution, moiti#233;… mais il tenait #224; la R#233;volution par les entrailles.

L’histoire de son sacre est le symbole de toute son histoire. Il a, dans sa personne, essay#233; de faire sacrer la R#233;volution. C’est ce qui a fait de son r#232;gne une parodie s#233;rieuse. La R#233;volution avait tu#233; Charlemagne, lui a voulu le refaire. — Mais depuis l’apparition de la Russie Charlemagne n’#233;tait plus possible…

De l#224; le conflit in#233;vitable entre la Russie et lui. Ses sentiments contradictoires #224; l’#233;gard de la Russie, attrait et r#233;pulsion.

II aurait voulu partager l’Empire qu’il ne l’aurait pas pu. L’Empire est un principe. Il ne se partage pas.

(Si l’histoire d’Erfurt est vraie, c’est le moment de la plus grande aberration dans les directions de la Russie.)

Chose remarquable: l’ennemi personnel de Napol#233;on est

l’Angleterre. Et cependant c’est contre la Russie qu’il s’est lt;нрзб.gt;. C’est que c’#233;tait l#224; son v#233;ritable adversaire — la lutte entre lui et elle, c’#233;tait la lutte entre l’Empire l#233;gitime et la R#233;volution couronn#233;e.

Lui-m#234;me #224; la mani#232;re antique a proph#233;tis#233; sur elle: «La fatalit#233; l’entra#238;ne. Que ses destin#233;es s’accomplissent».

Он сам, на рубеже России — Проникнут весь предчувствием борьбы — Слова промолвил роковые: «Да сбудутся ее судьбы#769;…» И не напрасно было заклинанье: Судьбы#769; откликнулись на голос твой — И сам же ты, потом, в твоем изгнанье, Ты пояснил ответ их роковой… lt;2gt;

Napol#233;on, c’est la parodie s#233;rieuse de Charlemagne… N’ayant pas le sentiment de son droit, il a toujours jou#233; un r#244;le, et c’est ce quelque chose de mondain qui #244;te toute grandeur #224; sa grandeur. Sa tentative de recommencer Charlemagne n’#233;tait pas seulement un anachronisme comme pour Louis XIV, pour Charles V, ses devanciers, mais c’#233;tait un scandaleux contresens. Car elle se faisait au nom d’un Pouvoir, la R#233;volution, qui s’#233;tait donn#233; pour mission essentielle d’essuyer jusqu’aux derniers vestiges de l’#339;uvre de Charlemagne.

lt;МАТЕРИАЛЫ К ГЛАВЕ IXgt;lt;1gt;

1. Qu’est-ce que le lieu commun sur la Monarchie universelle? D’o#249; vient-il?..

2. L’#233;quilibre politique est, dans l’histoire, le pendant de la division des pouvoirs, dans le droit public. L’un et l’autre — cons#233;quences, du point de vue r#233;volutionnaire, n#233;gation du point de vue organique.

3. La Monarchie universelle c’est l’Empire. Or l’Empire a toujours exist#233;. Seulement il a chang#233; de mains.

4. Les 4 Empires: Assyrie, Perse, Mac#233;doine, Rome. A Constantin commence le 5-i#232;me, l’Empire d#233;finitif, l’Empire chr#233;tien.

5. On ne peut nier l’Empire chr#233;tien sans nier l’Eglise chr#233;tienne. L’un et l’autre sont corr#233;latifs. Dans les deux cas c’est nier la tradition.

6. L’Eglise, en consacrant l’Empire, se l’est associ#233; — plt;argt; conslt;#233;quengt;t l’a rendu d#233;finitif.

De l#224; vient que tout ce qui nie le Christianisme est souvent tr#232;s puissant comme destruction, mais toujours nul comme organisation — parce que c’est une r#233;volte contre l’Empire.

7. Mais cet Empire qui, en principe, est ind#233;fectible a pu, en r#233;alit#233;, avoir ses d#233;faillances, ses intermittences, ses #233;clipses.

8. Qu’est-ce que l’histoire de l’Occident commen#231;ant #224; Charlemagne et qui s’ach#232;ve sous nos yeux?

C’est l’histoire de l’Empire usurp#233;.

9. Le Pape, en r#233;volte contre l’Eglise universelle, a usurp#233; les droits de l’Empire qu’il a partag#233;, comme une d#233;pouille, avec le soi-disant Empereur d’Occident.

10. De l#224; ce qui arrive ordinairement entre complices. La longue lutte entre la Papaut#233; de Rome, schismatique, et l’Empire d’Occident, usurp#233;, aboutissant, pour l’une, #224; la R#233;formation, c’est-#224;-dlt;iregt; #224; la n#233;gation de l’Eglise, et pour l’autre #224; la R#233;volution, c’est-#224;-dlt;iregt; #224; la n#233;gation de l’Empire.

lt;2gt;

Nous touchons #224; la Monarchie universelle, c’est-#224;-dlt;iregt; au r#233;tablissement de l’Empire l#233;gitime.

La R#233;volution de 1789 c’#233;tait la dissolution de l’Occident. Elle a d#233;truit l’autonomie de l’Occident.

La R#233;volution a tu#233;, en Occident, le Pouvoir int#233;rieur, indig#232;ne, et l’a, par conslt;#233;gt; qult;entgt; assujetti #224; un Pouvoir #233;tranger, ext#233;rieur. Car nulle soci#233;t#233; ne saurait vivre sans Pouvoir. Et voil#224; pourquoi toute soci#233;t#233;, qui ne peut le tirer de

ses propres entrailles, est condamn#233;e, par l’instinct de sa conservation, #224; l’aller emprunter du dehors.

Napol#233;on a marqu#233; la derni#232;re tentative d#233;sesp#233;r#233;e de l’Occident de se cr#233;er un Pouvoir indig#232;ne, elle a #233;chou#233; n#233;cessairement. Car on ne saurait tirer le Pouvoir du Principe R#233;volutionnaire. Or, Napol#233;on n’#233;tait pas et ne pouvait #234;tre autre chose.

Ainsi, depuis 1815, l’Empire de l’Occident n’est plus dans l’Occident. L’Empire s’est tout entier retir#233; et concentr#233; l#224; o#249; de tout temps a #233;t#233; la tradition l#233;gitime de l’Empire. — L’ann#233;e 1848 en a commenc#233; l’inauguration d#233;finitive… Il faut toutefois qu’elle s’aide de deux grands faits qui sont en voie de s’accomplir.

Dans l’ordre temporel l’organisation de l’Empire Gr#233;co-Slave. Dans l’ordre spirituel — la r#233;union des deux Eglises.

Le premier de ces faits a d#233;cid#233;ment commenc#233; le jour o#249; l’Autriche, pour sauver un simulacre d’existence, a eu recours #224; l’assistance de la Russie. Car une Autriche, sauv#233;e par la Russie, est de toute n#233;cessit#233; une Autriche absorb#233;e par la Russie (un peu plus t#244;t, lt;un peugt; plus tard).

Or l’absorption de l’Autriche n’est pas seulement le compl#233;ment n#233;cessaire de la Russie comme Empire slave, c’est encore la soumission #224; celle-ci de l’Allemagne et de l’Italie, les deux pays d’Empire.

L’autre fait, pr#233;lude de la r#233;union des Eglises, c’est le Pape de Rome d#233;pouill#233; de son pouvoir temporel.